le Mag
Plus local et collectif, les prévisions d’Ariadne en 2017 pour le secteur philanthropique
Synthèses d’études
2017, année de recentrage des pratiques philanthropiques vers le national et le local
Première prévision : un changement de périmètre des actions de philanthropie va s’opérer, du global vers le national, voire le local. Cette tendance va dans le sens des résultats du dernier baromètre Admical/CSA 2016 sur le mécénat d’entreprise en France : les entreprises privilégient des projets au niveau local ou régional (81%), montrant l’importance croissante accordée aux relations avec les acteurs du territoire.
Vers une philanthropie plus collaborative ?
En 2017, il s’agira pour les fondations de concevoir leurs actions de manière plus transversale et collective. Agir de manière décloisonnée plutôt que de manière isolée permet une meilleure compréhension du cadre global dans lequel leurs actions s’inscrivent. Dans un contexte de baisse des financements publics, cela passe par des collaborations entre les mécènes pour co-construire, co-évaluer leurs actions et pour développer l’intelligence collective au service de l’intérêt général.
En France, les mécènes interrogés évoquent comme pistes les partenariats publics-privés,le crowdfunding ou encore une collaboration accrue entre mécènes et porteurs de projets, les premiers étant disposés à être plus impliqués et les seconds plus ouverts à saisir les opportunités de soutien, en nature et compétences notamment.
De la nécessité de repenser la façon dont les fondations communiquent
Si les fondations ont depuis des années compris que la communication est un enjeu majeur et que les réseaux sociaux peuvent à ce titre constituer un outil précieux, 2016 a montré à quel point ces derniers sont faillibles. En France comme à l’étranger, la communication sera en 2017 un enjeu clé pour convaincre du bienfondé des démarches de philanthropie, et lutter contre les préjugés dans un contexte où il est parfois difficile d’avoir accès à des informations fiables et vérifiées.
Quels défis pour les bénéficiaires ?
Comme en 2016, la restriction de l’espace pour la société civile est une source de préoccupation majeure, qui prend en 2017 une dimension inquiétante : l’extension de ces restrictions de pays extra-européens et autoritaires, vers des pays plus proches de nous (Pologne, Hongrie, ou encore le Royaume-Uni où certaines fondations pourraient être tenues de transmettre des informations sur leurs bénéficiaires internationaux).
Le recul des droits de l’homme est également un enjeu capital. Les mécènes craignent que la combinaison de l'hostilité envers les droits de l'homme et les menaces sur les dons à l’international continuent de réduire les soutiens apportés aux droits de l'homme et aux libertés civiles. La montée des populismes et des nationalismes est aussi un sujet d’inquiétude majeur, au regard tant du Brexit et de l’élection de Donald Trump, que des échéances électorales en Allemagne, en France et aux Pays-Bas.
Quels sont les enjeux et champs d’action clés en 2017 ?
La question migratoire reste centrale, avec une évolution concernant la prise en charge des migrants, de l’aide humanitaire d’urgence vers l’enjeu de leur intégration dans les sociétés européennes à moyen-long-terme. En 2017, une attention toute particulière sera accordée aux enjeux de l’exclusion, qu’il s’agisse de l’exclusion des minorités ethniques, ou de celle des plus pauvres.
En France, les thèmes phares sont, d’après les mécènes interrogés, le soutien aux nouvelles technologies, mais aussi la cohésion sociale, l’inclusion, l’intégration, ou encore la justice et l’égalité qui requièrent des financements accrus. Le soutien à la jeune génération est aussi cité comme un sujet important pour 2017, ainsi que les enjeux climatiques qui requerront une attention toute particulière.
Enfin, les formes de charité traditionnelle vont décliner, dans un contexte où la philanthropie se professionnalise et se fait plus stratégique pour maximiser son impact.
Mathilde Pors
Pour en savoir plus