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Panorama international des intermédiaires du pro bono

Synthèses d’études

Quelles différences y a-t-il dans la pratique du pro bono entre les pays ? Quels formats proposent les intermédiaires du pro bono dans le monde et qui sont leurs parties prenantes ? Quelles sont les causes les plus soutenues ? Quelles différences culturelles, légales, fiscales ? C’est pour répondre à ces questions que Pro Bono Lab a réalisé une nouvelle étude dont les premiers résultats seront dévoilés lors du Pro Bono Summit du 13 au 15 octobre.

 

C’est pour offrir plus de visibilité sur les pratiques du partage de compétences à travers le globe et mieux comprendre les similitudes et les différences qui font la singularité des territoires que Pro Bono Lab s’est engagé sur ce projet. Un questionnaire a donc été envoyé à une centaine d’intermédiaires, notamment faisant partie des réseaux Global Pro Bono Network et Points of Light.

 

Une étude unique en son genre

Le questionnaire[1] est scindé en deux parties. La première permet de recenser les missions, activités, secteurs d’intervention et parties prenantes des structures répondantes ; la seconde permet de récolter des données sur les enjeux que rencontrent ces acteurs, les spécificités de leurs pays ainsi que la maturité des écosystèmes dans lesquels ils interviennent.

A l’occasion du Global Pro Bono Summit, sommet international du pro bono qui se tiendra du 13 au 15 octobre, une carte interactive sera mise en ligne. Cette carte recensera tous les acteurs intermédiaires répondants ainsi que leurs informations générales. La seconde partie du questionnaire qui permet de mieux comprendre leur environnement fera elle l’objet d’une étude qui sortira début 2021. Le sommet sera l’occasion néanmoins de présenter les grandes tendances et de sortir une synthèse des premiers résultats.

L’entreprise, une partie prenante importante

L’une des premières tendances observées concerne les parties prenantes du pro bono. Les pratiques du bénévolat et du mécénat de compétences se sont développées principalement pour accompagner des organisations du changement social (pour 92% des intermédiaires répondants) grâce aux compétences de salariés d’entreprises partenaires (pour 96%). Cette tendance se vérifie un peu partout, sauf en Afrique, Amérique Latine et Asie de l’Est[2], qui ont tendance à engager autant voire plus de citoyens volontaires que de salariés provenant d’entreprises partenaires.

L’engagement de salariés concorde en général avec le fait que ces intermédiaires aient pour mission d’accompagner leurs entreprises partenaires dans la mise en place de leurs programmes d’engagement pour la responsabilité sociale et sociétale. Cette mission est très pratiquée en Occident et en Asie (entre 64% et 86% des répondants selon les continents) mais dans une moindre mesure en Amérique Latine et en Afrique (respectivement pour 50% et 40% des répondants) bien que cette pratique se développe.

Les intermédiaires ont aussi tendance à développer des activités de consulting auprès des entreprises en fonction des pays et de la réglementation plus ou moins propice à la responsabilité sociétale. Cette activité, qui se développe également en Occident et en Asie, permet ainsi de répondre à une demande des entreprises et à contribuer au développement des intermédiaires du pro bono qui cherchent à avoir un modèle économique plus stable. Cela ne veut pas dire qu’ils n’engagent pas pour autant d’autres parties prenantes, car rappelons qu’un intermédiaire du pro bono cherche avant tout à créer des ponts entre tous les acteurs de la société. Leurs relations avec les citoyens et les différentes communautés dépendent surtout des spécificités économiques et culturelles de leurs pays et seront présentées dans la version longue de l’étude.

Les incitations culturelles et juridiques

Selon les cultures des pays et leur réglementation juridique, le pro bono peut être plus ou moins soutenu et promu par ses parties prenantes : institutions publiques, entreprises, secteur associatif, grand public. Les intermédiaires répondants parlent d’incitations culturelles - culture du volontariat, facilité à mobiliser les entreprises - principalement en Amérique du Nord (70% des répondants affirment qu’il y a des incitations culturelles), en Europe de l’Est et en Asie. On retrouve moins cette notion en Europe de l’Ouest ainsi qu’en Afrique et Amérique Latine. Il faut tout de même avoir en tête que ces réponses sont subjectives et dépendent de la perception de nos répondants.

Les incitations juridiques sont quant à elles beaucoup moins mentionnées. Seuls les intermédiaires en Amérique du Nord et en Europe de l’Ouest semblent être d’accord pour affirmer qu’il y a bien des incitations dans le cadre de la loi, pour 50% des répondants sur ces deux territoires. En effet, on retrouve une politique européenne de la RSE[3], notamment depuis 2001 avec le Livre Vert[4]. En Amérique du Nord, la réglementation est moindre en termes de politique RSE avec une culture et une valorisation de l’entreprise différente, mais pour autant, les institutions comprennent bien les enjeux et la plus-value d’une politique RSE en termes de stratégie et d’image[5]. De plus, la culture du pro bono pour les avocats est très forte en Amérique du Nord, et plus largement dans les pays anglo-saxons.

Le soutien du secteur public

Troisième et dernier constat que nous partageons pour le moment, les pays dits Occidentaux se sentent plus soutenus que les autres par le secteur public (pour 60% des intermédiaires en Amérique de Nord et Europe de l’Ouest) contrairement à l’Amérique Latine et l’Asie de l’Est par exemple (respectivement 25 et 29% des intermédiaires se sentent soutenus par le secteur public). Une exception pourtant, l’Afrique, continent pour lequel 100% des intermédiaires répondants se sentent soutenus par le secteur public bien qu’aucun n’identifie concrètement d’incitations. Cela peut s’expliquer notamment par le fait que ces intermédiaires collaborent souvent avec des institutions publiques pour la mise en place de programmes, ainsi que par la proximité entre les communautés et leurs institutions locales.

 

Ces résultats vont permettre d’apporter des ressources supplémentaires aux acteurs du Global Pro Bono Network[6] ainsi qu’aux entreprises, collectivités, institutions et citoyens qui s’intéressent au développement de cette pratique et qui souhaiteraient identifier des acteurs à l’international, se renseigner sur les pratiques innovantes ou encore les différences culturelles à ce jour en termes de partage des compétences.

 

Anaïs Vincent-Luce,

Responsable de l'observatoire du Pro Bono,

Pro Bono Lab

 

Le sommet international du pro bono

Le sommet international du pro bono, Global Pro Bono Summit, organisé par Pro Bono Lab cette année, se déroulera en ligne du 13 au 15 octobre. Des ateliers et conférences seront proposés sur des sujets très variés comme des initiatives d'engagement innovantes à travers le monde, le pro bono et la société, les perspectives d'engagement notamment après la crise.... Ce sera aussi l’occasion de présenter la cartographie des acteurs du pro bono et de publier une synthèse des premiers résultats. N’hésitez pas à vous y inscrire, tous les publics sont invités !

 


[2] La catégorisation des continents se base sur celle de la Division Statistiques des Nations-Unis avec des ajustements de la part de Pro Bono Lab pour fusionner certaines catégories dus au nombre de répondants : Amérique du Nord, Amérique Latine et Caraïbes, Afrique, Asie de l’Est et du Sud Est, Asie de l’Ouest et du Sud, Europe de l’Est, Europe de l’Ouest, Océanie.

[3] RSE : Responsabilité Sociétale des Entreprises

[4] Livre Vert : Promouvoir un cadre européen pour la responsabilité sociale des entreprises. , Commission Européenne, 2001. Article du Ministère des Affaire Etrangères, 2017.

 

 

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