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Comment associations et entreprises coopèrent-elles en Pays-de-la-Loire ?
Synthèses d’études
Réalisée en partenariat avec AG2R LA MONDIALE et le Conseil Régional des Pays de la Loire, avec le soutien de la CCI Pays de la Loire, cette étude prend un sens particulier dans ce nouveau contexte de crise, en révélant des leviers de développement des pratiques de coopérations qui devraient être essentielles pour surmonter les prochains défis auxquels sont confrontées à la fois les structures de l’ESS et les entreprises.
Pays de la Loire, un territoire marqué par l’ESS
L’ESS s’est beaucoup développée dans la région ces dernières années. 10 000 salariés supplémentaires ont été enregistrés dans le secteur en 2017 par rapport à 2008 - soit le quart environ de la hausse globale constatée pour l’emploi privé dans la région.
Parmi les structures de l’ESS implantées, 84% sont des associations (soit 89 000) animées par plus de 700.000 bénévoles et 4.000 nouvelles associations naissent chaque année.**
Qu’elles œuvrent dans le domaine du social, de la santé, du sport, culture, éducation populaire, environnement… ces structures maillent le territoire et en font une région particulièrement vive en terme d’engagement citoyen.
Quels besoins ?
Pour autant, le secteur présente quelques fragilités. Déjà en 2019, 38% des représentants associatifs jugeaient la situation financière de leur structure compliquée. Concernant les ressources humaines, l’organisation du bénévolat (recrutement, savoir-faire, disponibilité...), la moitié d’entre eux déclaraient rencontrer des difficultés.
Pour appuyer ce dernier point, les résultats de l’étude de Pro Bono Lab montrent que 85% des structures interrogées ont au moins un besoin en compétences auquel elles n’ont pas la capacité de répondre en interne. Ces besoins sont donc bien réels, même s’ils restent à identifier plus clairement pour 35% des répondants. En général, les questions de communication reviennent très régulièrement (66% des répondants). Que ce soit pour élaborer une stratégie de communication, réaliser des vidéos, créer un plan de communication, il apparaît souvent nécessaire de se tourner vers une aide extérieure. Suivent les problématiques de gestion des finances, de relations publiques ou encore de stratégies.
Au regard de la crise actuelle
Aujourd’hui, la crise sanitaire du Covid-19 a fortement impacté le secteur de l’ESS et notamment les associations. Les résultats de l’enquête menée en Pays de la Loire sur le sujet par le Mouvement Associatif*** est à ce titre riche d’enseignements et permet de mettre les précédentes observations en perspective.
Pendant le confinement, 70% des associations ont cessé leurs activités : face à cette situation inédite, de nouveaux besoins surgissent, les attentes sont nombreuses, les priorités évoluent. Au national comme en Pays de la Loire, les préoccupations financières gagnent du terrain. Mais des besoins d’accompagnement spécifiques apparaissent également, comme l’assistance, la protection juridique ou l’aide au maintien des activités à distance. Enfin, dans une perspective de relance, les derniers chiffres nationaux**** publiés par le Mouvement Associatif montrent un intérêt des associations pour un accompagnement en communication.
Comment les entreprises du territoire répondent à ces besoins ?
Les Pays de la Loire profitent d’une vraie dynamique collective. L’étude avait donc aussi pour objectif d’observer de plus près comment les entreprises dialoguent, soutiennent et travaillent avec les associations, pour répondre à leurs besoins mutuels. Les résultats montrent que les pratiques d’engagement auprès des structures de l’ESS sont répandues, même si des freins subsistent.
- 76% des entreprises interrogées mènent des actions d’engagement citoyen et/ou de soutien aux associations et à la vie locale, un chiffre particulièrement important notamment au regard des pratiques observées dans d’autres régions.
- Les formes les plus connues sont celles qui relèvent du soutien financier : campagnes de dons, crowdfunding, mécénat financier…
- Viennent ensuite les pratiques d’engagement citoyen qui font appel à la transmission et au partage de compétences, notamment le mécénat de compétences.
- Si cette dernière pratique est moins connue, elle est pourtant elle aussi assez pratiquée. Parmi les entreprises qui s’engagent, 46% proposent à leurs collaborateurs de faire du mécénat de compétences. Ces derniers réalisent des missions plus ou moins longues auprès d’associations, pour les aider à se développer.
Interrogées spécifiquement sur le mécénat de compétences, les entreprises ont fait part de certains obstacles qui freinent le développement de cette pratique : manque de temps, de visibilité sur la pertinence des dispositifs, de moyens en interne pour le mettre en place...
Le travail de sensibilisation reste primordial. Malgré les prédispositions du territoire, un pourcentage encore significatif d’entreprises et d’associations manquent d’informations clés et d’arguments concrets pour sauter le pas et se lancer dans l’aventure du partage de compétences. Les acteurs intermédiaires, comme les collectivités territoriales ont un rôle important à jouer dans la démocratisation de ces pratiques.
Nina Danet,
Chargée des relations presse et relations publiques chez Pro Bono Lab
Méthodologie de l’étude :
Des questionnaires quantitatifs en ligne ont été administrés auprès de 92 entreprises et 131 structures à finalité sociale implantées dans les 5 départements des Pays de la Loire et interrogées entre le 8 janvier et le 5 mars 2020.
Des études de cas ont été réalisées auprès de 21 acteurs clés du territoire : 9 entreprises, 1 fonds de dotation et 1 fondation d’entreprise, 2 réseaux d’entreprises, 4 structures à finalité sociale, 3 réseaux d’accompagnement des associations et des structures de l’ESS, et 1 acteur du bénévolat et du mécénat de compétences.
Ressources :
Etude Pro Bono Lab, Pays de la Loire : https://crm.probonolab.org/sites/default/files/wysiwyg/Etude%20Pays%20de%20la%20Loire%202020.pdf
*https://www.cress-pdl.org/wp-content/uploads/DECHIFFRESS_vf.pdf