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Le secteur philanthropique, un espace de liberté et une expression de notre citoyenneté

Paroles de mécènes

L’année 2019 aura été marquée par de nombreux débats sur la philanthropie, aboutissant à une réforme de la loi sur le mécénat des entreprises qui ne manquera pas d’affecter le secteur du don dans son ensemble. Cette réforme impactera-t-elle les fondations familiales ? Si oui, dans quelle mesure ? Et sur quels piliers peuvent-elles s'appuyer pour continuer à promouvoir et soutenir des initiatives en faveur de l'intérêt général ? Firoz Ladak, CEO des Fondations Edmond de Rothschild, nous en dit plus.

 

L’année 2019 aura été marquée par de nombreux débats sur la philanthropie, aboutissant à une réforme de la loi sur le mécénat des entreprises qui ne manquera pas d’affecter le secteur du don dans son ensemble. Si les fondations familiales ne sont pas directement touchées par cette réforme, cette dernière ne les invite pas moins à se réinterroger sur leur rôle, leur éthique, leurs pratiques.

Alors qu’en est-il vraiment ?

C’est grâce à leurs valeurs et à leur indépendance que les fondations familiales peuvent agir comme moteurs de l’innovation sociale. Les Fondations Edmond de Rothschild poursuivent aujourd’hui leur attachement à la tradition philanthropique des Rothschild dont les fondements remontent en France à la fin du 18e siècle, notamment dans les arts, les sciences et la santé. C’est dans cet esprit humaniste que par exemple a vu le jour la Fondation Ophtalmologique Adolphe de Rothschild à Paris, hôpital qui continue aujourd’hui de s’inscrire dans une tradition ouverte, laïque et tournée vers l’intérêt général. Cette approche inclusive, à l’encontre de toute discrimination, fait partie intégrale de l’ensemble des programmes que nous accompagnons.

Dans de nombreux cas, les fondations familiales peuvent, en affirmant leurs convictions, prendre davantage de risques et agir comme un véritable laboratoire de solutions, sorte de « Think Tank, Do Tank ». Un des enjeux essentiels est de parvenir à sortir des sentiers battus pour créer de nouveaux modèles, changer de paradigme et donner naissance à une véritable innovation sociale.

Dans notre cas, nous nous appuyons sur un réseau philanthropique international qui nous permet de favoriser les synergies tout en veillant à répondre aux besoins spécifiques des environnements dans lesquels nous intervenons, que ce soit en France, en Espagne, à New-York, en Israël ou encore en Côte d’Ivoire.

L’action des fondations familiales est indispensable car elle privilégie une liberté et une vision à long-terme, ce qui peut être moins le cas des entreprises mécènes. Ces dernières sont pour autant essentielles, de par leur taille, les outils dont elles disposent, l’engagement de leurs salariés et une approche pouvant puiser dans l’univers de l’entreprise efficacité et résultats. De même, les fondations familiales peuvent s’inspirer des best practices des entreprises dans une recherche commune d’impact. C’est ainsi la capacité de ces deux types de structures à travailler ensemble, tout comme avec les pouvoirs publics et les autres parties prenantes, qui contribuent conjointement au progrès social.

Remettre en cause le mécénat d’entreprise revient donc à fragiliser cet équilibre sur lequel repose pourtant aujourd’hui de nombreuses initiatives d’intérêt général. Cette réforme est également révélatrice d’une véritable remise en cause du contrat social. Car si aujourd’hui, nul ne souhaite la disparition de l’Etat-Providence qui définit le modèle français, il devient absolument nécessaire d’en élargir les horizons. Alors quelle est la place du secteur philanthropique dans la société ? Quel rôle lui est attribué ? Quelles sont les modalités d’expression de son engagement ? A mon sens, il représente un espace de liberté et une expression de notre citoyenneté qu’il est impératif de préserver.

 

Firoz Ladak

 

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