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[Collective Impact ] 3 questions à... Axelle Davezac, directrice générale de la Fondation de France
Expertise
Le Collective Impact n’est pas qu’une affaire de mécènes. Certaines associations se réunissent également pour porter ensemble des initiatives ambitieuses. Quels sont les avantages que représente une démarche comme celle-ci ?
La Fondation de France crée des lieux d’échanges entre les acteurs de terrain afin qu’ils partagent leurs expériences et exposent leurs projets. Sur le sujet du grand âge par exemple, nous avons organisé le 27 octobre dernier le colloque « Vivre ses choix, prendre des risques : un droit pour les personnes âgées ». Au cœur de cette rencontre : l’échange de bonnes pratiques entre les personnes âgées et tous les acteurs qui interviennent dans leur vie. Les initiatives ambitieuses sont effectivement portées par des associations, mais aussi par des bénévoles et par des bénéficiaires eux-mêmes. La dimension collective n’est donc pas seulement un avantage, c’est un prérequis indispensable pour agir efficacement.
La Fondation de France, premier réseau de philanthropie en France, qui réunit fondateurs, donateurs, experts bénévoles, salariés et des milliers d’associations, est du fait même de son importance et de son organisation, tournée vers le collectif. Ainsi, de quelles manières la Fondation de France s’implique-t-elle sur le thème du Collective Impact ?
Toutes les actions de la Fondation de France sont structurellement collectives, depuis la façon de concevoir le programme à sa mise en œuvre, en passant par la mise en réseau des acteurs de terrain et le co-financement de projets. C’est notre mode de fonctionnement et notre réalité quotidienne, en abritant 828 fondations, en réunissant 196 salariés et 504 bénévoles, en associant des experts d’horizons différents dans nos 30 comités. Le comité Littoral est, par exemple, composé de professeurs de géographie, d’un anthropologue, d’un ingénieur en environnement côtier, d’un hydrobiologiste… Il n’est pas possible d’agir efficacement de manière isolée. Sur des sujets complexes, tout particulièrement, les approches croisées sont nécessaires. Notre seul crédo : favoriser l’intelligence collective.
Dans ce type de dynamiques collectives à grande échelle où les mécènes jouent un rôle moteur, les pouvoirs publics sont-ils incontournables ? A quel moment et à quel échelon doivent-ils intervenir ?
Tout dépend des thématiques et des expérimentations. Dans certains cas, les pouvoirs publics interviennent au début, dans d’autres cas plutôt à la fin. Sur certains projets, il est essentiel de travailler avec eux. Un projet soutenu dans le cadre de notre programme de lutte contre le décrochage scolaire est efficace que s’il est construit avec l’équipe pédagogique de l’établissement scolaire et que s’il implique aussi les parents et les élèves. C’est vrai également pour un projet d’accompagnement de patients dans un hôpital public qui doit être porté par les personnels pour trouver sa place dans le fonctionnement de l’établissement. Pour Territoires zéro chômeur de longue durée, les pouvoirs publics ont repris à leur compte cette expérimentation innovante, qui repose à la fois sur les compétences des chômeurs et sur l’identification des besoins du territoire. Ils l’ont étendue à 10 territoires par la loi de février 2016. Les pouvoirs publics jouent ainsi un rôle de déploiement et de changement d’échelle après une expérimentation menée grâce à l’initiative privée.
Propos recueillis par Diane Abel
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