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L’égalité des chances et l’insertion professionnelle au féminin : quelle place pour les mécènes ?
Expertise
Changer les représentations de certaines professions auprès des jeunes filles
L’égalité des genres en matière d’accès à l’emploi est une difficulté à laquelle les jeunes filles peuvent être confrontées. Afin de lutter contre ce phénomène, plusieurs programmes de sensibilisation et d’accompagnement ont été développés pour encourager les femmes à s’orienter vers des branches qu’elles n’avaient pas envisagées. Ainsi, pour contribuer à rendre les carrières scientifiques plus attractives et inciter les jeunes filles à se tourner vers la recherche, la Fondation L’Oréal a lancé en 2014 en France son programme Pour les filles et la Science. En cinq ans seulement, 150 ambassadrices scientifiques ont rencontré plus de 54 000 jeunes filles partout en France.
Sur les métiers du numérique et de la tech, un secteur à forte employabilité, la sous-représentation des femmes est également frappante : par exemple, seules 5% des actifs dans le secteur de l’intelligence artificielle sont des femmes ! Pour lutter contre ce fléau, la Fondation Femmes@Numérique réunit autour de 6 associations fondatrices un collectif de plus d’une cinquantaine d’associations et d’une quarantaine d’entreprises partenaires. Objectifs ? Sensibiliser les filles aux métiers du numérique ; favoriser la mixité dans les métiers du numérique ; rendre visible et valoriser les femmes travaillant dans le secteur et assurer les synergies entre les acteurs impliqués.
Source : Fondation Femmes@Numérique
La Fondation Orange, particulièrement engagée sur ce sujet, en est un des mécènes fondateurs. Elle soutient par ailleurs les associations Elles bougent et Femmes ingénieurs pour encourager les vocations d’ingénieures et de techniciennes. Elle a également créé en 2012, en partenariat avec les Ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, l’association Capital Filles qui accompagne les collégiennes de 3e et lycéennes des quartiers populaires et des zones rurales. Son action repose sur l’engagement conjoint de « Marraines », collaboratrices volontaires des entreprises et institutions partenaires, et des enseignant-es qui, ensemble, favorisent les choix d’orientation des jeunes filles et leur rencontre avec le monde de l’entreprise.
Véritable vecteur d’insertion, le sport peut également être une chance pour les jeunes filles au moment de leur orientation professionnelle. C’est sur cette conviction que Sporsora a développé le programme L dans la Ville, soutenu entre autres par la Fondation Chanel, la Fondation FDJ, l’OL Fondation et BNP Paribas. Une étude d’impact réalisée en 2019 souligne les effets positifs du programme auprès des filles accompagnées : 84% d’entre elles sont optimistes sur leur avenir professionnel (vs 61% au niveau national), 61% pensent que le programme L dans la Ville a eu un impact positif sur leur vision du rôle des femmes dans la société et 94% pensent que les postes à responsabilité ne sont pas réservés aux hommes.
Accompagner l’entrepreneuriat féminin
De nombreuses entreprises mécènes aident également les femmes désireuses de créer leur entreprise à se lancer via des soutiens financiers ou des programmes de mentorat. La Fondation Entreprendre accompagne ainsi plusieurs réseaux associatifs qui favorisent des solutions d’entraide et de soutien par des pairs en amont et lors de la création d’entreprise : un soutien structurel sur 3 ans à hauteur de 150 000 € pour l’association Femmes des Territoires et 80 000 € pour l’association Les Premières. Avec La Ruche, la Fondation CHANEL s’engage sur le programme Les Audacieuses qui cible les femmes avec une double ambition : inspirer et inciter les femmes à entreprendre et soutenir concrètement l’émergence de projets à fort impact social et/ou environnemental. L’objectif du programme est de lever tous les freins à la création d’entreprise : manque de confiance en soi, difficultés d’accès aux réseaux pertinents ou encore manque d’outils pratiques pour consolider son projet. On pourra également citer l’association LED by Her qui fournit aux femmes fragilisées et victimes de violences des outils et des opportunités pour reconstruire leur vie personnelle et professionnelle autour de leurs ambitions entrepreneuriales.
Que ce soit par des actions de mentorat, de mécénat, ou par une politique de recrutement volontariste, le rôle des entreprises est déterminant pour faire évoluer une situation inégalitaire entre hommes et femmes qui perdure dans le monde du travail. Alors que cette question s’installe en profondeur dans le débat public et que de plus en plus de voix s’élèvent, elles n’ont d’autre choix, à présent, que de renforcer leurs engagements.
Diane ABEL