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LE MECENAT DE COMPETENCES DANS LES TPE-PME : UNE APPETENCE A DEVELOPPER
Expertise
Selon le Baromètre du mécénat d’entreprise 2016 réalisé par Admical et CSA, le mécénat de compétences est davantage pratiqué par les grandes entreprises (GE) et les entreprises de taille intermédiaire (ETI). Seules 10% des petites et moyennes entreprises (PME) et des très petites entreprises (TPE) le pratiquent, alors que 72% des entreprises mécènes sont des TPE.
Des difficultés propres aux TPE et PME
Mettre un place un dispositif de mécénat de compétences dans une entreprise peut s’avérer complexe et demande des aménagements spécifiques.
Il faut en effet :
- dégager du temps pour les salariés en respectant leurs agendas professionnels, puisque les actions de mécénat de compétences s’effectuent sur le temps de travail
- trouver des structures bénéficiaires, comme des associations ou des entreprises sociales, et donc faire un effort de développement local
- consacrer des ressources humaines et financières pour initier une gestion de projet efficace.
Cette complexité peut fortement s’accroître dans le cas d’une TPE ou d’une PME, où le nombre de salariés est réduit et où les ressources sont moindres.
En outre, la loi de 2003 sur le mécénat a introduit un système de défiscalisation très intéressant pour les entreprises, mais qui peut limiter le mécénat des TPE et PME : le montant des dons de l’entreprise ne peut pas dépasser 0,5% de leur chiffre d’affaires, ce qui peut fortement limiter les dons possibles pour une petite entreprise.
Les bénéfices du mécénat de compétences, c’est aussi pour les petites entreprises !
Lorsque l’on pense aux avantages du mécénat pour l’entreprise, les enjeux d’image et de communication viennent tout de suite à l’esprit. Cependant, le mécénat de compétences a également beaucoup de bénéfices en termes de ressources humaines, et pas seulement pour les GE et les ETI.
Les salariés qui participent à des actions de mécénat de compétences, qu’ils fassent partie d’une grande ou d’une petite entreprise, développent une plus grande fierté d’appartenance à leur entreprise, ainsi que leurs compétences, qu’ils ont l’occasion d’utiliser dans un autre cadre que dans leur travail quotidien. Des spécialistes de la communication, de la finance ou des ressources humaines peuvent mettre à profit leurs talents pour aider une association qui en a besoin.
Le mécénat de compétences peut ainsi apporter des réponses à une quête de sens des salariés : pour la génération Y, les actions solidaires des entreprises sont importantes et parfois déterminantes lorsqu’il s’agit de choisir son employeur.
Pour l’entreprise, ces dispositifs sont synonymes de renforcement de l’esprit d’équipe et de la cohésion en son sein, avec des salariés plus satisfaits. C’est aussi un moyen d’entrer en relation avec des associations et d’autres acteurs clés de leur territoire, et d’être plus attractive en démontrant son implication et son impact sur des besoins sociaux au niveau local.
Le cas de Pro Bono Lab
Dans le cadre de sa mission de soutien aux associations et aux organisations à finalité sociale, l’association Pro Bono Lab encourage le développement du pro bono en France, c’est-à-dire le fait de mettre gratuitement ses compétences à disposition pour une cause d’intérêt général. Pro Bono Lab travaille notamment avec des entreprises et promeut le mécénat de compétences qui est l’une des composantes du pro bono : des entreprises partenaires sollicitent leurs salariés pour accompagner des associations sur des problématiques spécifiques (stratégie, finance, communication, ressources humaines…).
Pour convaincre les entreprises de s’engager dans une démarche de mécénat de compétences, Pro Bono Lab met en avant l’impact social que ce type de programme peut avoir, mais aussi tous les avantages identifiés pour les salariés et l’entreprise : développement des compétences, sentiment d’utilité, fierté d’appartenance, cohésion d’équipe, ancrage territorial…
Bien qu’il existe un intérêt certain des TPE et PME pour le mécénat de compétences, Pro Bono Lab s’est heurté à la difficulté de convaincre ces structures de s’engager dans une telle démarche, notamment en région Auvergne Rhône-Alpes. Les TPE et PME ont souvent moins de ressources : par exemple, elles ont rarement une fondation d’entreprise, contrairement aux ETI et GE où la fondation est souvent à l’initiative des programmes d’engagement des collaborateurs. Parfois aussi, les TPE et PME ont des difficultés à envisager le cadrage et la gestion de projet nécessaires pour ce type de dispositif. Pro Bono Lab a donc lancé une offre de formation qui s’adresse aux entreprises, pour leur faire découvrir le mécénat de compétences et des formats possibles.
Le mécénat de compétences est donc attractif pour les TPE et PME, notamment parce qu’il s’agit souvent d’un mécénat de proximité : les petites entreprises sont demandeuses d’actions d’intérêt général au niveau local, pour s’ancrer dans le territoire auquel elles appartiennent. Il reste cependant des efforts à fournir pour faire en sorte qu’elles puissent s’engager dans ce type de dispositif malgré leurs ressources limitées et pour les convaincre du bien-fondé et des avantages de la démarche.
Solution possible, les clubs de mécènes, déjà en place pour des actions de mécénat financier, sont des groupements de TPE et PME positionnées sur des causes communes. On pourrait imaginer des clubs semblables pour le mécénat de compétences, avec plusieurs entreprises qui contribuent à la résolution d’une problématique grâce à la contribution de leurs salariés.
Et pour élargir encore le champ d’action et encourager le mécénat de compétences au sein des TPE et PME, l’association ADMICAL a rédigé plusieurs propositions qui seront débattues puis défendues devant les Pouvoirs Publics prochainement.
Tatiana Heinz,
Responsable de la recherche et des partenariats internationaux chez Pro Bono Lab
Pour en savoir plus, retrouvez ici :
- Le Premier état des lieux du Pro Bono en France, par Pro Bono Lab
- Les propositions d'Admical pour les TPE et PME