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La Fondation BNP Paribas soutient le Samusocial pour son programme ELAN
Expertise
L’hébergement citoyen, un mouvement solidaire face à la crise migratoire
L’hébergement solidaire a pour objectif de permettre aux réfugiés de se stabiliser en prenant le temps d’élaborer un parcours de vie en France, de définir un projet d’accès au logement et de commencer une démarche de réinsertion sociale et professionnelle.
De nombreux réseaux citoyens ont vu le jour pour proposer un accueil au sein de leur domicile. En août 2016, la ministre du Logement, Emmanuelle Cosse, a lancé un appel à projets aux associations appelé « Hébergement citoyen » pour les encourager à développer les dispositifs d’hébergement chez les particuliers. Les bénéficiaires, des personnes majeurs, volontaires ayant obtenu le statut de réfugié, seront logées gratuitement dans des logements à chambre privative pour une durée minimum de trois mois et jusqu’à un an.
En novembre 2016, 11 associations ont été retenues et ont désormais pour mission d’identifier les familles volontaires et les réfugiés, de préparer l’accueil et permettre un suivi au quotidien. Parmi elles, le Samusocial de Paris avec son programme ELAN a été sélectionné pour accompagner 336 personnes en Ile-de-France.
Soutenu par la Fondation BNP Paribas à hauteur de 600 000€, le Samusocial de Paris a décidé d’expérimenter un dispositif d’accompagnement baptisé Elan pour simplifier les questions organisationnelles et poser un cadre éthique au sein de ce nouveau mouvement solidaire et citoyen.
Le programme ELAN
Le programme ELAN a démarré en mai 2016. Porté par le Samusocial de Paris, il a pour objectif d’être pérennisé sur le long terme, et de s’étendre à d’autres personnes en situation de sans-abrisme pour lesquelles l’accueil citoyen serait une solution adaptée.
Depuis le printemps 2015, Paris voit chaque jour arriver de nombreuses personnes réfugiées s’installant dans l’espace public des territoires nord de la capitale. Le premier grand campement sur le Boulevard La Chapelle a donné naissance à de nombreuses initiatives solidaires citoyennes. Vivant dans des conditions sanitaires déplorables, le Samusocial de Paris, opérateur de service public, a dû intervenir avec l’aide d’autres associations et des pouvoirs publics, afin de proposer des solutions de mise à l’abri à ces personnes.
Parmi les réfugiés rencontrés, le Samusocial de Paris s’est rendu compte que de nombreuses personnes bénéficiaient déjà d’une protection internationale et avaient saisi l’opportunité de ces campements pour se voir proposer des mises à l’abri. En effet, lorsque les demandeurs d’asile qui bénéficient d’une prise en charge pendant l’instruction de leur demande, obtiennent leur statut de réfugié, ils ne disposent que de trois mois, renouvelable une fois, pour trouver des solutions pour se loger par leurs propres moyens.. En conséquence, nombreuses personnes réfugiées se retrouvent sans solutions d’hébergement lorsqu’elles obtiennent une protection internationale délivrée par l’OFPRA[1]
Parallèlement, des initiatives citoyennes d’accueil se multiplient sans forcément être accompagnées. Pour Nadège Letellier, responsable du programme Elan, « il était nécessaire d’accompagner ce mouvement citoyen, tant pour les accueillants volontaires, que pour les migrants accueillis… d’autant plus que nous arrivons au bout des solutions d’hébergement que nous pouvons mobiliser, le dispositif d’hébergement d’urgence étant saturé. Elle ajoute également que « l’accueil citoyen peut devenir un nouveau mode d’accueil à part entière, aux côtés des solutions de mises à l’abri proposées actuellement ».
Le Samusocial de Paris a donc réfléchit et mis en œuvre un programme qui permet d’apporter un cadre et un soutien à ces cohabitations, tout en proposant aux personnes réfugiées accueillies, un accompagnement global et renforcé vers l’insertion socioprofessionnelle.
En effet, de nombreux particuliers accueillant déjà des personnes réfugiées à domicile, réclamaient que celles-ci puissent bénéficier d’un accompagnement global vers l’insertion. « La question de l’accompagnement par des professionnels était centrale dans l’élaboration de ce programme » rajoute Nadège Letellier, « il fallait absolument décharger les accueillants de l’accompagnement socio-administratif des personnes qu’ils accueillaient et ce, afin de leur permettre de profiter pleinement de leur cohabitation interculturelle, basée sur l’échange, le partage et le respect de l’altérité de chacun ».
Pour mener à bien ses objectifs, le programme Elan s’est doté de professionnels : des psychologues, travailleurs, sociaux et conseiller en insertion professionnel. Ils ont pour mission de :
1/ Sécuriser les cohabitations en rencontrant en amont chaque personne réfugiée et chaque futur accueillant souhaitant intégrer le programme. L’objectif est de les accompagner dans l’élaboration de leur projet de cohabitation, de les aider à comprendre les attentes de chacun dans ce contexte. Ce travail d’amont permet de former les cohabitations les plus adaptées afin qu’elles puissent se maintenir sur la durée.
2/ Soutenir les cohabitations au quotidien ; Chaque personne accueillie dispose d’un travailleur social référent ELAN. Ce dernier devient également l’interlocuteur privilégié du foyer d’accueil de la personne qu’il accompagne. Dans le cadre de son suivi, il réalise une visite à domicile mensuelle. Les accueillants bénéficient d’un temps d’échange bi-mensuel avec un psychologue du programme.
3/ Accompagner de manière renforcée et coordonnée les personnes réfugiées vers l’autonomie : Accompagnement social, Accès à l’emploi et/ou à la formation, Accompagnement psychologique.
De fait, le programme Elan se positionne comme un véritable accélérateur d’insertion. Grâce aux échanges quotidiens, les foyers accueillants participent aussi à l’amélioration du niveau linguistique de des personnes accueillies. Grâce à eux, elles comprennent mieux le mode de vie du pays où elles sont arrivées. « Apprendre la France à l’intérieur d’une famille c’est un facteur stimulant, positif, dynamisant en termes de maîtrise de la langue, de recherche d’un travail et d’un logement » fait valoir Nadège Letellier.
Actuellement, 26 cohabitations ont été formées pour 25 réfugiés, et 25 sont toujours en cours.
Une future collaboration avec AirBnb
Dès juin 2017, le Samusocial de Paris s’associera avec le leader mondial de location de logements entre particuliers Airbnb pour accompagner des cohabitations solidaires.
En effet, après s’être publiquement opposé au décret anti-immigration de Donald Trump, Airbnb, s’est engagé à héberger provisoirement 100 000 réfugiés jusqu’en 2021.
Dans un communiqué publié sur son site, l’entreprise souligne la fragilité des personnes réfugiées et leurs difficultés à s’intégrer dans les pays d’accueil, et prévoit des partenariats à travers le monde pour soutenir les réfugiés « pour créer un monde où chacun est accepté, partout ».
Ainsi, en France, Airbnb labélise des associations qui accompagneront les accueillants Airbnb. L’entreprise réfléchit également à donner une participation aux clients qui participeront à ce nouveau programme
La Fondation BNP Paribas, mécène indispensable du programme ELAN
La Fondation BNP Paribas et le Samusocial de Paris sont partenaires depuis 2012. La Fondation finance intégralement l’unique maraude de jour et son équipe mobile d’aide du Samusocial qui oriente et accompagne les personnes sans abri vers les dispositifs de droit commun.
Dans le cadre de son plan de soutien en faveur des migrants et réfugiés, le Samu Social de Paris, ayant développé une véritable relation de confiance avec la Fondation BNP Paribas s’est naturellement orientée vers cette dernière pour lui présenter son projet Elan. La Fondation BNP Paribas a alors décidé de soutenir financièrement ce programme dès l’année 2016 à hauteur de 600 000€. « Ce partenariat a été pour nous une vraie opportunité de pouvoir démarrer l’expérimentation du programme Elan, » raconte Nadège Letellier, responsable du programme Elan.
« L’aspect innovant de ce projet nous a rapidement convaincu et c’est la raison pour laquelle la Fondation a accepté d’y accorder une importante subvention nécessaire pour son lancement. Ce financement sert essentiellement au recrutement de psychologues, travailleurs sociaux, conseillers en insertion professionnelle exclusivement dédiés aux familles d’accueil et réfugiés » explique Christiane Marier-Orlowski, Responsable des programmes Solidarité de la Fondation BNP Paribas.
Le financement de la Fondation BNP Paribas et les premiers retours d’expériences ont convaincu les pouvoirs publics qui ont également décidé d’encourager cette initiative : « Ces subventions publiques sont une première marque de reconnaissance en faveur de ce programme, programme qui malgré tout, devra continuer à trouver d’autres co-financements pour atteindre ses objectifs de pérennisation.» précise Nadège Letellier.
Fin 2015, BNP Paribas annonçait le lancement de son plan de soutien de 5 millions d’euros en faveur de l’accueil des réfugiés en Europe. Compte tenu de la gravité de la situation, la Banque a décidé de prolonger son action, en attribuant 3 millions d’euros supplémentaires à ce programme répartis sur 2017 et 2018 ce qui représente un total de 8 millions d’euros sur 3 ans.
Cette aide a été répartie sous forme de subventions accordées à des organismes agissant dans les principaux pays européens accueillant des réfugiés : Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Grèce, Italie, Luxembourg, Pologne.
La Fondation BNP Paribas en liaison avec les équipes locales de la Banque dans les pays ci-dessus coordonne d’une part l’ensemble de ces projets et soutient d’autre part 3 organismes : les Apprentis d’Auteuil pour l’accueil des MIE (Mineurs Isolés Etrangers), l’UNHCR (Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés) pour leur programme d’accueil en Grèce, et le Samusocial de Paris pour son projet Elan.
Le rôle des mécènes dans la crise des réfugiés
Pour Christiane Marier-Orlowski, la crise actuelle des réfugiés est un sujet délicat, complexe qui va au-delà d’une simple crise humanitaire. « Les mécènes ont évidemment un rôle à jouer face à cette crise migratoire mais avant tout la mobilisation des Etats et Pouvoirs Publics est indispensable».
Depuis plus de trente ans, la Fondation BNP Paribas est un acteur majeur du mécénat d’entreprise. Elle coordonne également le développement international du mécénat du Groupe BNP Paribas, partout où la Banque est présente. La Fondation BNP Paribas situe son action dans une démarche de mécénat pluridisciplinaire, en faveur de projets innovants dédiés à la culture, à la solidarité et à l’environnement.
[1] Office français de protection des réfugiés et apatrides
Juliette Boucher
Diplômée en Psychologue clinicienne, Nadège Letellier travaille depuis 13 ans dans le secteur social et est depuis janvier 2016, responsable du Programme Elan du Samusocial de Paris.
Christiane Marier-Orlowski est depuis 2010 la Responsable des programmes Solidarité (France et International) au sein de la Fondation BNP Paribas.