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« Inventer demain », ou comment agir local tout en pensant global
Comptes-rendus d’événements
Pouvez-vous nous décrire en quelques mots « Inventer demain » ? Quel est le constat qui a poussé la Fondation de France à créer ce programme ?
Le programme « Inventer demain » a été créé à la fin de l’année 2020, fruit d’une réflexion lancée par la Fondation de France après les premières actions menées pour répondre à la crise du COVID. Convaincus que les crises se multiplieront à l’avenir, nous souhaitons en effet accompagner l’émergence de solutions durables qui reposent sur des modèles plus résilients. Cette démarche s’inscrit dans l’ADN de la Fondation de France : soutenir les activités apportant des réponses aux besoins immédiats tout en pensant l’avenir.
« Inventer demain » est construit autour de deux piliers : l’accompagnement des « acteurs clés de changement » et le renforcement de nos actions locales, avec le nouveau programme « Démarche territoriale ».
Concernant le premier pilier, nous travaillons à ce jour avec une vingtaine d’acteurs innovants ayant déjà fait leur preuve, sur des secteurs très différents, pour développer leur impact. Notre objectif : les réunir autour de projets collectifs et les faire travailler ensemble pour engager un « vrai » changement : qu’est-ce que cela signifie ? Comment y parvenir ? Comment faire évoluer ses habitudes de travail ? etc…
Dans le cadre de « Démarches territoriales », nous travaillons sur des sujets précis répondant à des problématiques locales sur des territoires identifiés par la Fondation de France. Nous proposons notre soutien aux acteurs souhaitant travailler dans une approche de coopération.
Comment passer de l’expérimentation à un projet de changement d’échelle ? Quelle est la valeur ajoutée d’une approche territoriale en ce sens ?
Je n’oppose pas les deux approches, elles sont complémentaires. La différence principale tient au fait qu’on ne travaille pas sur les mêmes leviers.
Quand on travaille sur l’innovation et l’expérimentation, de fait il faut accepter de faire des détours, de prendre des risques, car même les erreurs sont sources d’apprentissage. L’enjeu est de bien définir l’ambition que l’on se donne. Quant au risque, la Fondation de France dispose d’une véritable force car elle a su développer au fil des années une réelle expertise dans l’instruction des projets.
Sur la question du changement d’échelle, je ne crois pas au principe de réplicabilité sur tous les territoires qui est parfois présenté. Une expérience réussie à un endroit donné ne fonctionnera pas avec le même modèle dans une autre région, chacune d’entre elles ayant ses spécificités, tant au niveau des problématiques locales que des acteurs impliqués, des moyens mobilisés et mobilisables, des coopérations déjà existantes, etc…
Avec ce programme, nous souhaitons nous attaquer aux causes plutôt qu’aux symptômes, en diffusant les bonnes méthodes de travail, en créant les conditions d’un dialogue entre l’ensemble des parties prenantes, en construisant des cadres de collaboration qui, in fine, permettront d’apporter une solution systémique à un problème local.
Comment travaillez-vous avec les différentes parties prenantes ? Quelle est la place de la Fondation de France au sein de ces collectifs ?
La Fondation de France tient en premier lieu un rôle important dans l’identification des structures et des projets à accompagner. En tant que premier réseau de philanthropie en France, elle dispose en effet d’un maillage très riche qui lui permet d’être au plus proche du terrain : les équipes au siège et en région, les bénévoles, les fondations abritées… tous travaillent de concert. Ceci explique entre autres pourquoi nous ne faisons pas d’appel à projets dans le cadre du programme « Inventer demain ».
Ensuite, nous nous positionnons en tant que « catalyseur d’innovation ». Notre objectif est de créer ou renforcer la collaboration entre différents acteurs, de coordonner les actions, de nourrir le dialogue et de faire naître des synergies pour aboutir à des solutions aux impacts multiples et durables. Plus concrètement et à titre d’exemples, nous organisons régulièrement les comités de pilotage, nous assurons la sécurisation des financements, nous garantissons la bonne transmission des informations entre les parties prenantes, nous agissons comme médiateur entre les organisations, etc... Si cela peut paraître abstrait de prime abord, c’est en fait un très gros travail !
Enfin, de par la légitimité que lui donne son expérience, la Fondation de France apporte un gage de sérieux pouvant rassurer des structures hésitant à s’engager. Cette « garantie » est particulièrement importante dans le cadre des relations avec les institutions publiques.
Quel bilan retirez-vous après cette première année d’existence ?
Même s’il est encore trop tôt pour tirer un véritable bilan, je peux déjà retirer deux enseignements.
D’abord, la nécessité de rester très agile. En effet, que ce soit sur le volet territorial ou sur l’accompagnement des structures innovantes, notre posture de coordinateur nous impose de pouvoir nous adapter pour répondre aux besoins et contraintes spécifiques de nos différents interlocuteurs, mais aussi pour gérer l’imprévu ! Cette nécessité nous pousse ainsi à appréhender différemment notre métier et à penser la « Fondation de France de demain » : encore plus proche du terrain, plus réactive, plus mobile… pour solutionner les problèmes.
Ensuite, dans une époque marquée par la dégradation du dialogue, nous voyons à quel point la co-construction peut prendre du temps. Sur des sujets complexes, il est essentiel de réussir à tisser des liens et construire une relation de confiance en sortant des habitudes de concurrence. Ce travail de fond, nous le poursuivrons avec l’ensemble des structures engagées sur ce programme.
Propos recueillis par Diane ABEL
A découvrir sur le site de la Fondation de France, pour en savoir plus :
- Sur le programme « Inventer demain »
- Sur le programme « Démarche territoriale »
Pour les adhérents ADMICAL : le replay de l’atelier du Mécènes Forum (contact : jbourdel@admical.org)