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[Intrapreneuriat social] Ces collaborateurs qui secouent l’entreprise

Expertise

Créer de la valeur économique avec de l’innovation sociale, c’est possible ! C’est ce à quoi s’emploient les intrapreneurs sociaux, nouvelle génération d’acteurs engagés pour faire bouger les lignes au sein des entreprises.

On connaissait le concept d’intrapreneuriat, né aux Etats-Unis à la fin des années 1970 pour décrire le développement par un salarié d’un projet novateur au sein de son entreprise. Place désormais à sa version sociale !

Dans un contexte d’évolution des rapports entre l’entreprise et la société et de prise en compte de la responsabilité sociétale des entreprises, on a vu se développer depuis les années 2000, parallèlement à l’essor du mécénat et de la RSE, de nouveaux modèles au croisement du social et de l’économique.

L’intrapreneuriat social, c’est innover au sein même de son entreprise pour créer une autre activité solidaire ou éthique, à but social ou environnemental, grâce aux ressources matérielles et/ou financières mises à disposition par l’entreprise. Ainsi, un intrapreneur social utilise les codes de l’entreprise à laquelle il appartient pour conduire le changement. En intégrant les process et les ressources de la structure, il transforme de l’intérieur les habitudes et les métiers pour mieux prendre en compte l’impact social et environnemental de l’entreprise.

Contrairement au mécénat, l’intrapreneuriat social développe des activités nécessairement liées au cœur de métier de l’entreprise et répond à une opportunité de business. La recherche de l’impact social ou environnemental est un nouveau prisme pour concevoir de meilleurs produits ou atteindre de nouveaux marchés. Les activités créées ont un modèle économique équilibré et les bénéfices générés sont réinvestis dans le projet. On ne parle pas de philanthropie, ni de caritatif, mais bien d’une activité commerciale autofinancée.

 

Les entreprises françaises, pionnières de l’intrapreneuriat social

Si la pratique est très développée chez les Anglo-Saxons, où la culture de l’entrepreneuriat est très prégnante, y compris au sein même des entreprises, la France n’est pas en reste, elle est même plutôt en avance, comparée à nos autres voisins européens ! En effet, plusieurs entreprises françaises ont été pionnières dans l’émergence et le développement de l’intrapreneuriat social. En 2006, Emmanuel de Lutzel initie au sein de la banque BNP Paribas une activité une microfinance, après avoir testé l’idée auprès de plusieurs collaborateurs et avec le soutien de la direction générale. Aujourd’hui, l’activité microfinance est développée au niveau international dans tout le groupe et a financé de nombreuses institutions dans une vingtaine de pays différents.

Le Groupe Renault, quant à lui, développe depuis 2012 le programme Mobiliz. Lancé par des collaborateurs au sein de l’équipe RSE du groupe, ce programme vise à donner l’accès à une mobilité durable aux personnes en situation de précarité, favorisant également leur retour à l’emploi. Des garages solidaires volontaires proposent des services et des produits à prix coûtant aux bénéficiaires du programme et une société d’investissement a été créée (Mobiliz Invest S.A.S.) pour financer et accompagner des entreprises qui proposent des solutions de mobilité innovantes à fort impact social.

Ces initiatives sont bien nées de la volonté d’un salarié de proposer une nouvelle activité à l’entreprise. Chez Renault comme chez BNP Paribas, la direction de l’entreprise a donné à ses intrapreneurs sociaux la possibilité de travailler sur leur nouveau modèle en mettant à leur disposition le cadre et les ressources de l’entreprise.

 

Un nouveau dispositif dans la palette de l’entreprise engagée

Dans une société où les entreprises prennent de plus en plus la mesure du rôle qu’elles peuvent jouer au-delà de l’économie, l’intrapreneuriat social est un dispositif qui vient s’ajouter au mécénat et à la RSE dans la palette de l’entreprise engagée.

En apportant une réponse viable, autofinancée et solidaire à une opportunité business, l’intrapreneur social fait de son entreprise un laboratoire d’innovation sociale. En créant les conditions favorables aux initiatives intrapreneuriales, l’entreprise libère la créativité de ses salariés et s’offre un avantage concurrentiel pour gagner des marchés et attirer de nouveaux talents.

 

 

Camille Marc

 

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