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En permettant à un plus grand nombre de personnes d’accéder à des représentations ou en anticipant et en prolongeant leur venue au théâtre, le numérique ouvre de fait de belles perspectives de partenariats et de mécénat de compétence aux institutions théâtrales dans la mesure où les techniques mises en œuvre ne font pas partie de leur cœur de métier.

Pour Clémentine Aubry, administratrice du Théâtre des Bouffes du Nord, la diffusion numérique des spectacles dans des salles parallèles apparaît comme une source supplémentaire de ressources pour le théâtre. « Ne pouvant pas assurer nous-mêmes la production audiovisuelle de nos spectacles, nous sommes derechef dans des logiques partenariales avec des partenaires techniques».

Une autre opportunité est illustrée par la 3^ème scène, un autre cercle de l’Opéra de Paris qui réunit des mécènes désireux de soutenir la diffusion d’œuvres commandées à des cinéastes ou à des plasticiens. « Par ce biais, explique Jean-Yves Kaced, nous avons la possibilité d’entrer en relation avec des personnes qui ne sont pas forcément des amateurs d’art lyrique. Des collectionneurs d’art contemporain peuvent ainsi devenir, par exemple, de potentiels mécènes de l’Opéra de Paris».

Atteindre les publics éloignés et empêchés n’est pas le seul champ nouveau que permettent d’envisager les nouvelles technologies numériques. Elles ouvrent aussi le théâtre sur l’international par le développement des sur-titrages et, demain, des doublages instantanés.

Cette année, ont été expérimentées à Avignon des lunettes connectées permettant de suivre des sur-titrages en plusieurs langues. Nul doute que tous ces développements nécessiteront des partenaires compétents dont certains seront à rechercher à l’étranger.

Alors, l’avenir du théâtre est-il dégagé ?

Eclairci en tout cas pour les grandes institutions qui peuvent recruter les équipes compétentes pour gagner puis entretenir la confiance de tous ceux qui veulent soutenir le théâtre parce qu’ils y voient un formidable lieu du présent allant à l’essentiel et laissant la part belle à l’intelligence.

Reste, comme le fait remarquer Clémentine Aubry, que le réseau culturel français ne se limite pas aux grandes institutions choyées par le CAC 40. Il est aussi constitué d’une multitude de petits lieux qui ont tous leur importance locale ou historique et qui peinent souvent à subsister.

Ces petites salles sauront-elles trouver leurs mécènes au sein de la nouvelle économie, là où porteurs de projets et acteurs économiques peuvent sans doute se rejoindre autour de valeurs communes comme l’innovation, le développement durable ou encore la recherche de financements originaux ?

C’est sans doute là que se jouera demain une nouvelle scène du développement du mécénat dans le domaine du théâtre.