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Agriculture : comment accompagner les populations rurales face aux changements climatiques ?

Expertise

Si les effets du dérèglement climatique ont été particulièrement visibles en France cet été, certains affectent déjà au quotidien la vie de millions de personnes. Parmi elles, on trouve une grande majorité d’agriculteurs qui n’ont pas d’autre choix que de faire évoluer rapidement leurs méthodes de production. Alors entre politiques publiques internationales et projets locaux soutenus par des mécènes, comment accompagner durablement les populations rurales ? Voici quelques éléments de réponse.

L’évolution qu’a subi l’agriculture ces dernières années est largement révélatrice des changements climatiques en cours. A la fois responsable – de par ses déchets de CO2, de par la déforestation afin de disposer de nouvelles terres agricoles, de par la dégradation des sols via l’utilisation d’engrais, de par ses modes d’élevage et de culture intensifs, etc… et victime, le secteur agricole semble promis à un triste avenir, avec des conséquences graves : des difficultés croissantes pour cultiver les sols et des changements environnementaux auxquels certaines populations devront s’adapter, au risque de devoir émigrer pour trouver de nouvelles ressources.

Mais de plus en plus d’acteurs se mobilisent afin de répondre à ces enjeux, que ce soit au travers d’actions très locales ou de programmes internationaux. Parmi eux, le secteur philanthropique n’est pas en reste, puisque plusieurs fondations privées et entreprises ont décidé de s’engager sur le sujet, en France mais aussi hors des frontières. Focus sur ces interventions à l’international.

 

De l’importance de créer une stratégie globale afin d’accompagner les populations dans leur adaptation aux changements climatiques

Entre sécheresse, fonte des glaciers et catastrophes naturelles à répétition, de nombreuses régions du monde souffrent du dérèglement climatique. Les plus concernées sont l’Afrique subsaharienne, l’Asie du Sud. Vient ensuite l’Amérique latine. Face à ces changements, l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) a mis en place une stratégie d’ampleur afin de faire évoluer les modèles d’agriculture existants vers de nouveaux modèles plus résilients et écologiques.

 

Source : FAO (Food and Agriculture Organization, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture)

Cette feuille de route, indispensable pour donner des orientations à la communauté internationale, est également un outil pour les mécènes qui souhaitent s’engager dans ce domaine en remplissant différents objectifs.

Encourager le développement de l’agroécologie

L’agroécologie apparaît pour beaucoup comme l’un des leviers indispensables pour le développement d’une agriculture durable et la lutte contre le changement climatique. En effet, le ministère de l’Agriculture relève que « celle-ci permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre grâce aux recours préférentiels à l’azote organique et au développement des légumineuses, à la technique de méthanisation des effluents d’élevage ou au développement de l’agroforesterie. Les arbres et les haies participent à la durabilité de l’agriculture en assurant protection et enrichissement en carbone des sols, en réduisant le risque de stress hydrique, en offrant un abri naturel aux animaux d’élevage, en abritant les auxiliaires des cultures et en favorisant la biodiversité. »

C’est ainsi que la Fondation Ensemble travaille en partenariat avec le ministère de l’Agriculture et de l’Elevage et l’Agence de contrôle de la biosécurité des îles Galápagos sur la mise en place de systèmes agroécologiques durables pour favoriser l’adaptation des communautés de l’archipel des Galápagos au changement climatique. Parmi les objectifs visés : garantir un approvisionnement stable et durable de produits agricoles locaux et contribuer à la conservation des écosystèmes de l’île en réduisant sa dépendance vis-à-vis des produits importés ; renforcer les circuits de commercialisation pour augmenter les revenus des paysans ; former aux méthodes agricoles ancestrales, efficaces et résilientes ; augmenter les rendements grâce à un modèle agroécologique et une gestion optimisée des zones non cultivées. Pour ce programme ambitieux, la fondation a apporté 135 000 € sur les 710 000 € nécessaires.

Soutenir l’autonomisation des acteurs

Bien que l’aide des mécènes soit particulièrement précieuse, les projets déployés n’ont pas pour but de rendre les populations dépendantes de l’aide humanitaire. Certains programmes visent justement à assurer leur autonomisation. C’est dans cette optique que la Fondation RAJA s’engage auprès des femmes, convaincue qu’elles représentent un maillon essentiel dans la préservation de l’environnement. A l’axe environnemental se mêle ainsi une dimension sociale, où l’on redonne à la femme toute son importance et plus d’indépendance, notamment économique. En Tunisie, la fondation soutient par exemple le projet « Women’s Worldwide Web (W4) » qui répond à deux enjeux cruciaux pour le développement rural du pays : la vulnérabilité économique des femmes travaillant majoritairement dans l’agriculture et la désertification constante des terres. Depuis 2016, W4 et son partenaire local « Dream in Tunisia » ont formé 40 femmes à l’agroécologie, et un programme de formation en ligne sur l’agriculture durable et l’entreprenariat des femmes est en cours de création. A date, 2 coopératives ont déjà été créées, 80 emplois saisonniers ont été attribués à des femmes, et 1 million d’arbres auront été plantés d’ici fin 2019.

Retraiter les déchets pour nourrir les sols

Les déchets, qui constituent la plupart du temps une lourde charge à assumer, peuvent également s’avérer être, dans certains cas, de véritables ressources pour enrichir l’agriculture locale. Consciente de cette richesse, des associations agissent sur le terrain pour sensibiliser les populations à la bonne utilisation des déchets et pour développer des systèmes de traitement durable et de valorisation de ces derniers, à l’image de l’association Acted, en Côte d’Ivoire, soutenue par la Fondation Suez. Suite au déploiement de ce projet, 180 maraichers périurbains ont pu bénéficier d'engrais et 3 TPE d’assainissement ont été créées. Preuve en est que développement économique et environnement sont loin d’être incompatibles.

 

Il existe de nombreux projets comme ceux présentés ici, vitaux pour les populations rurales concernées, soutenus par les mécènes. Si l’on ne peut que s’en réjouir, il semble indispensable de se projeter à plus long-terme et donner une nouvelle ampleur à ces initiatives, bénéfiques à l’économie et à l’environnement, en renforçant les partenariats public / privé et en impliquant les Etats afin qu’elles puissent se multiplier et devenir un modèle généralisé. Pour cela, les instances internationales peuvent tenir un rôle déterminant dans la coordination des différentes parties prenantes. A l’heure où l’urgence climatique et ses conséquences se font de plus en plus sentir, le temps n’est plus à la réflexion, mais à l’action.

 

Diane Abel

 

 

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