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Lutter contre le changement climatique : l'impératif de la Fondation FAMAE
Paroles de mécènes
J’ai grandi à l’île d’Oléron et à l’école primaire nos instituteurs nous emmenaient nettoyer les plages à la fin de l’hiver car moult déchets plastiques jonchaient les plages, notamment des packing espagnols issus de décharges à ciel ouvert.
Plusieurs dizaines d’années plus tard, le fait de voir la maison de famille située en bord de plage submergée en 1999 et 2010 lors de grandes tempêtes hivernales (qui étaient des évènements hors norme censés être “centenaire”, une fois par siècle) m’a permis de visualiser concrètement l’élévation du niveau de la mer, conséquence directe du réchauffement climatique.
Le sentiment d’imaginer mes futurs petits-enfants, qui connaîtront 2100 dans un monde abominable m’oblige, au sens d’impératif moral catégorique cher à Kant, à faire quelque chose. C’est pourquoi j’ai décidé de consacrer 50% de ce que j’avais gagné à créer :
- FAMAE, une fondation qui organise un concours dédié à l’innovation au service de l’environnement,
- FAMAE IMPACT, un fonds d’investissement pour investir dans les centaines de projets les plus pertinents.
L’objectif est de réduire l’empreinte environnementale humaine dans les secteurs tels que les déchets, l’eau, l’alimentation, les biens de consommation, l’habitat ou la mobilité.
La lutte contre le changement climatique est la mère des batailles selon moi. Si on ne le fait pas, le reste n’aura aucune importance, malheureusement. Nous nous soucions aussi de l’impact social positif des projets que nous accompagnons via la fondation ou via le fonds d’investissement.
Les lauréats sont de deux types :
- des projets open source, en général associatifs ou portés par des ONG et dans ce cas nous apportons un don ;
- des projets non open source, portés en général par des entités commerciales, et dans ce cas nous apportons un financement en action ou en obligations.
Outre le financement (critique pour les lauréats), nous les accompagnons dans leur développement : assistance au développement commercial, assistance à la levée de fonds, participation aux instances de surveillance et / ou de suivi (par exemple au conseil de surveillance), mise en contact avec des décideurs et des scientifiques, etc…
Je ne crois pas au “saupoudrage” car on dilue l’impact du financement apporté et on ne peut pas aider les projets efficacement car il y en a trop. Ainsi, à titre d’exemple, au lieu de répartir 1 million d’euros entre 200 lauréats qui bénéficieraient chacun de 5 000 €, nous préférons « mettre le paquet » en accompagnant et en accordant entre 300 et 500 K € à quelques projets auxquels nous croyons profondément.
Toutefois, sur chaque concours, il ne faut pas oublier qu’en plus des 3 ou 4 « gros lauréats » qui bénéficient d’une dotation d’au moins 300 K € (ceux pour lesquels on espère le « waouh effect »), 3 ou 4 autres “petits lauréats” (étudiants, designer, ...) remportent également des prix compris entre 10 et 20 K €.
Nous visons les grands secteurs correspondants aux “besoins primaires” : se nourrir, boire, se chauffer, dormir ... Donc on vise les déchets, l’eau, l’alimentation, l’habitat, la mobilité, l’énergie, les biens de consommation. Le 1er concours (“Don’t trash your cash !”) en 2017-2018 portait sur la réduction et le recyclage de déchets ménagers, le 2ème concours (“Precious water !”) portait sur le meilleur accès, la meilleure qualité et le meilleur usage de l’eau.
Le 3ème concours cette année porte sur l’alimentation (“Food for good !”) : trouver des solutions innovantes et concrètes pour une alimentation plus saine, plus durable, pour tous et toutes, du champ à l’assiette.
Le concours 2019-2020 est dédié à l’alimentation, “de la fourche à la fourchette”, avec l’objectif d’identifier des projets qui permettent d’avoir une alimentation plus saine, plus durable, pour tous et toutes, partout dans le monde.
Les concours suivants porteront sur la mobilité, ou l’habitat. Ou les biens de consommation, ou l’énergie.
Nous n’excluons pas de refaire un concours mêlant les sujets déchets / eau / alimentation dans une logique d’économie circulaire.
Propos recueillis par Diane Abel