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Le mécénat, une démarche pour prolonger un engagement sociétal fort
Paroles de mécènes
Quelques réflexions personnelles m’ont poussé à me lancer dans le mécénat. La première est liée à mon activité directe : nous avons un fort besoin de marchandises mais il arrive que nos produits se périment avant d’être vendus, ce qui me gênait. Cela fait maintenant sept ou huit ans que je participe à la redistribution de produits à date de limitation de courte durée pour Caritas et d’autres associations afin d’éviter le gaspillage et aider ceux qui en ont besoin.
Parallèlement, je me suis engagé en tant que parrain d’une classe qui participait aux championnats Entreprendre pour Apprendre. Les élèves ont travaillé tout au long de l’année sur un projet d’entreprise assez complet (logistique, commerce,..) : au mois de mai, les classes parrainées par des chefs d’entreprises ont présenté leurs projets au championnat régional. J’ai été impressionné par l’engouement que ce projet très concret suscitait : je me suis pris au jeu et j’ai graduellement pris des responsabilités au sein de ce programme.
En outre, j’ai un engagement sociétal fort : je suis élu de la chambre de commerce, administrateur du collège de Reichsoffen, mais aussi conseiller prud’homal de l’agglomération et président de la CPME. Cela me tient à cœur de participer économiquement à la vie sociale.
Une reconnaissance régionale et locale.
Lorsque j’ai racheté l’Intermarché de Reichshoffen avec mon épouse en 1999, il comptait à l’époque trente-cinq salariés. Aujourd’hui, nous sommes quatre-vingts, et je suis heureux de constater que mes collaborateurs connaissent mes engagements divers et sont fiers que l’entreprise soit mise en avant à travers des actions de mécénat.
Dans une PME, on voit rapidement les bénéfices directs liés à la valorisation du lieu de travail.
A mon goût, il est normal que le chef d’entreprise ait un comportement citoyen, que cela soit vis-à-vis de la société, mais aussi de ses salariés.
L’Alsace a toujours été pionnière dans le domaine du mécénat, puisque la région est imprégnée par l’« humanisme rhénan » (patronnât familial) : on vit avec nos salariés, le rapport humain est fort.
Ici, les entreprises se regroupent, le mécénat a toujours été privilégié, et ce de manière constante.
Je remarque une vraie approche altruiste, la dernière motivation étant l’allègement fiscal. Je ne doute pas du fait qu’il y ait de la place pour le développement du mécénat collectif.
Pour ceux et celles qui auraient quelques réticences à se lancer pour des raisons financières, il est important de se souvenir qu’une déduction fiscale vient alléger le montant du don à hauteur de 60%. De cette manière, il est plus facile pour un chef d’entreprise locale qui souhaite s’investir socialement d’agir via le mécénat.
Faire du mécénat est également une occasion d’échanger avec les autres acteurs du territoire et créer de nouveaux liens. N’hésitez pas à partager votre expérience et à côtoyer des gens d’autres secteurs qui vous sont connus ou méconnus : l’échange est toujours très enrichissant ! Il est important de voir ce qu’il se fait hors de son secteur d’activité : le mécénat permet de valoriser ce temps libre.
Propos recueillis par Diane Gelberg