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Le mécénat en Auvergne‐Rhône‐Alpes 

Paroles de mécènes

Après deux étapes de son Tour de France des mécènes en Auvergne-Rhône-Alpes, Admical vous livre quelques beaux exemples de mécénat dans la région. Vous retrouverez ici les témoignages de certains des intervenants de Lyon et Clermont-Ferrand. Que ce soit dans le domaine de la santé, de la culture ou du social, en régie directe, au travers de fondations ou via des clubs de mécènes, ils nous livrent chacun leur vision du mécénat. Découvrez sans plus attendre la multiplicité des engagements que peut offrir une même région.
 
Alain Mérieux – Président de l'Institut Mérieux
 
Selon vous, qu'est‐ce que le mécénat apporte à l’entreprise ?   
 
Notre engagement dans le mécénat est lié à la nature même de la mission de notre Institut :  une mission de santé publique. La lutte contre les maladies infectieuses ne peut être menée  que mondialement car les bactéries et les virus ne connaissent pas les frontières. Dans les  pays à ressources limitées où les business modèles ne sont pas adaptés, notre devoir est  d'être présent sur le terrain via nos Fondations, pour apporter des soins de qualité à des  populations vulnérables.   
 
 
La Fondation Christophe et Rodolphe Mérieux que nous avons créée en 2001 est aujourd'hui  l'actionnaire de référence de l'Institut Mérieux qui lui verse la totalité de ses dividendes. Avoir  une fondation actionnaire donne une finalité et un éclairage différents à notre action.   
 
 
Plus largement, le mécénat donne du sens à nos activités et également à la performance. Il ne  peut y avoir de mécénat sans entreprises performantes. Et l'engagement des collaborateurs  suscité par le mécénat peut être un levier de performance. Le mécénat est très important  pour nos collaborateurs, une source de fierté, d'engagement et d'attachement à l'entreprise.  A l'heure où les jeunes générations sont de plus en plus en quête de sens dans leur vie  professionnelle, et veulent dépasser la seule logique du
profit, c'est encore plus important.   
 
 
 
Pourquoi choisissez‐vous de vous investir dans le domaine médical ?   
 
C'est celui que nous connaissons le mieux et dans lequel nous pouvons apporter une réelle  expertise qui aura un impact dans les pays où nos Fondations interviennent.  Notre expérience en biologie et le professionnalisme de nos équipes sont une valeur ajoutée  et un gage d'efficacité sur le terrain. 
Au‐delà de la prise en charge médicale, nous élargissons aujourd'hui nos actions dans une  vision de santé globale pour intégrer d'autres paramètres déterminants : la sécurité de l'eau  et de l'environnement, la nutrition, le logement, l’éducation, l'accompagnement socioéconomique...   
Pour cela, nous travaillons avec d'autres partenaires, spécialistes de ces domaines qui  apportent leurs savoir‐faire complémentaires des nôtres sur le terrain.   
 
 
Si notre engagement en mécénat se fait majoritairement dans la santé auprès des Fondations  Mérieux, nos entreprises et nos collaborateurs s'engagent également dans des actions locales, dans leurs communautés immédiates : soutien d'actions culturelles, sociales,  humanitaires... 
Ainsi, nous soutenons plusieurs musées de la région, des festivals de musique, l'association  Sport dans la Ville... Il y a beaucoup d'autres actions locales dans les différents pays où nous  sommes implantés.     
 
 
Comment voyez‐vous l'avenir du mécénat en Rhône‐Alpes ?   
 
Il n'est sans doute pas très différent de celui du reste du territoire.  Dans le domaine de la santé, qui est celui que je connais le mieux, la France a de nombreux  arguments pour promouvoir le mécénat : sa tradition pasteurienne, son engagement de  longue date dans les pays francophones à faible revenu grâce à la médecine militaire, la  grande qualité de la science et de la médecine, des entreprises performantes...   
 
 
Il y a cependant en Rhône‐Alpes des acteurs particulièrement engagés : Habitat et  Humanisme, Notre Dame des Sans‐abris, la Fondation Saint Irénée...   Et aussi des entreprises qui s'engagent à leurs côtés. La mobilisation de notre région en Irak  pour venir en aide aux Chrétiens d'Orient et aux minorités persécutées en est un bon  exemple.  Nous avons également la chance de pouvoir compter en Rhône‐Alpes, sur une bonne entente  entre le politique, l'économique et l'humanitaire, à l'origine d'une dynamique positive.     
 
 
Nicolas Nuger – Directeur de la communication chez Banque Nuger 
 
Comment avez‐vous connu le mécénat ?     
 
Nous sommes devenus mécènes assez naturellement par attachement pour notre territoire,  pour ce que nous lui devons et parce que des actions porteuses d’un sens réel nous ont  motivé à le devenir : réhabilitation de l’Opéra théâtre de Châtel Guyon ; candidature de la  Chaîne des Puys au patrimoine mondial de l’UNESCO etc. 
Au fil du temps nous avons soutenu des actions menées localement puis nous avons  développé une stratégie pour notre entreprise, en lien avec nos équipes et nos clients.  Il nous a fallu faire des choix en mesurant autant que possible la charge qu’ils représentent,  leur impact en terme financier et leur résonnance en terme d’image. 
La Banque Nuger est un acteur reconnu au cœur de l’économie de la région. Nous en  connaissons les principaux acteurs, leur histoire, leur personnalité et les affinités qu’ils sont  susceptibles de nouer autour de projets collectifs communs. 
Nous sommes en quelques sortes un trait d’union en capacité de fédérer autour d’ambitions  fortes qui engagent et transforment.         
 
 
Pourquoi avoir fait le choix du mécénat collectif ?   
 
Sous un vocable qui peut paraître à première lecture un peu désuet voir élitiste, le mécénat  est en réalité une forme très moderne d’économie collaborative. 
En ce sens elle répond parfaitement aux attentes des équipes qui en interne manifestent de  réelles attentes à son sujet. C’est l’esprit d’actions menées au‐delà du métier pur, ce que  l’on fait en plus pour les autres mais aussi pour soi.   
Je suis encore étonné des émotions que certaines actions notamment culturelles ou  caritatives peuvent procurer aux équipes. Il y a indéniablement un avant et un après que  chacun découvre et ressent à sa manière.  J’aime partager ces idées, les faire vivre autour d’actions concrètes auquel chacun reste  toujours libre de s’investir. 
Je crois que le mécénat est créateur de liens très forts que l’entreprise peut voire même doit  provoquer, c’est sa responsabilité !     
 
 
La culture rassemble. Elle n’est pas toujours accessible par méconnaissance,  incompréhension voire par désintérêt pour certains. 
Ce choix de la culture est plus engageant, il interpelle, transverse et modifie bien souvent le  regard, le sentiment que l’on porte sur la matière, l’œuvre ou l’artiste lui‐même.  Son niveau d’émotion est réel. 
Oui la culture n’est pas un choix facile mais je crois aux nombreux échanges  intergénérationnels qu’elle provoque. 
A l’ère de la transformation digitale elle nous permet de nous retrouver, de partager des  valeurs de vie, des projets porteurs de sens.   
 
 
Notre territoire nous offre de belles opportunités d’actions avec des acteurs multiples  publics et privés qui manifestent une réelle volonté d’agir ensemble. 
A ce titre nous allons réfléchir à impliquer nos équipes dans une démarche de mécénat de  compétence.     
 
 
Christian Korsougne – Directeur Général du groupe Lyséo
 
Quel a été votre déclic pour vous lancer dans le mécénat ?   
 
Le groupe Lyséo étant en pleine croissance et incorporant de nombreux salariés nous souhaitions faire profiter de cette croissance aux plus démunis afin qu’ils puissent avoir une  nouvelle chance, nous ne souhaitions pas nous investir dans l’assistanat mais que  l’association choisie ait un vrai programme de réinsertion, comme Habitat et Humanisme  que nous avons choisi, nous participons également à des projets avec la garantie jeune de la  mission locale de Villeurbanne. 
Nous ne voulions pas seulement être mécènes mais nous voulions être également bénévoles  afin de fédérer l’équipe grandissante autour de vraies valeurs humaines en plus de nos  valeurs entrepreneuriales.   
 
 
Qu’est‐ce que cela apporte au chef d’entreprise ? A l’homme ?   
 
Au chef d’entreprise cela apporte une image plus humaine avec un vrai partage de valeurs  créées, les salariés peuvent participer ou non mais ils sont tous en adéquation avec l’image  dégagée. 
A l’homme que je suis cela apporte juste une satisfaction personnelle en permettant à celui  qui a un incident de parcours dans la vie d’avoir une nouvelle chance, tendre la main à  l’autre est très enrichissant personnellement. 
Je crois que le temps du chef d’entreprise égoïste est révolu et que c’est une vraie  satisfaction de partager ce que l’on crée comme richesse.   
 
 
Pourquoi faire le choix du mécénat de compétence plutôt que le mécénat financier ?   
 
Peu importe les termes, nous voulions simplement financer des associations qui nous  paraissaient avoir des projets correspondant à nos valeurs d’entraide et de réinsertion et  nous voulions participer au fonctionnement.   
 
 
Qu’est‐ce que cela apporte en interne ? Constatez‐vous une appétence de la part de vos collaborateurs ?   
 
Nous voulions de cette façon éduquer les plus jeunes aux valeurs essentielles de la vie,  permettre à ceux qui n’osaient pas ou qui ne pensaient pas avoir de temps de s’engager de  le faire. 
C’est une vraie leçon de vie car chacun peut un jour sombrer et se retrouver dans une situation difficile et l’engrenage faisant le reste, notre rôle est de leur tendre la main afin de  revenir à la surface et leur redonner de la dignité. 
Tous les collaborateurs nous ont remercié pour ces actions et certains vont y participer activement.  
 
 
 
 
Propos recueillis par Laurène Ronda

 

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