le Mag
Fondation Gan pour le cinéma, 30 ans d’engagement au service du 7e art
Paroles de mécènes
Plusieurs facteurs ont contribué à la création de la Fondation Gan en 1987.
Il y avait tout d’abord une volonté des entreprises de contribuer à l’animation culturelle, d’être mécène ; c’était une réalité de l’époque.
1987 a marqué un tournant pour Gan. La compagnie souhaitait faire évoluer son image, mettre en valeur le côté positif de l’assurance en étant aux cotés de ceux qui prennent des risques. L’assureur voulait accompagner les entrepreneurs, les innovateurs, être dans le dynamisme et l’énergie.
Dans ce contexte, la rencontre avec le cinéaste Costa-Gavras a été déterminante. En 1986 Gan avait été approché par la Cinémathèque française pour contribuer à leur 50ème anniversaire. Un an plus tard une fondation en faveur des premiers films voyait le jour. Sa mission était déjà de valoriser la prise de risque en aidant les premières œuvres, en contribuant à leur diffusion et préservation. Cela a semblé naturel et cohérent pour un assureur qui souhaitait se distinguer des autres.
En 30 ans, vous avez soutenu de nombreux talents du cinéma. Dites-nous en plus sur les lauréats que vous avez accompagnés depuis la création de la Fondation ?
Nous récompensons chaque année des projets de longs métrages de fiction (premiers et seconds films, en prise de vue réelle et animation), sélectionnés sous la forme de scénario. En 30 ans la Fondation peut se vanter d’avoir contribué à l’émergence de plus de 180 réalisateurs parmi lesquels : Jean-Pierre Jeunet, Catherine Corsini, Tonie Marshall, Bruno Dumont, Christian Carion, Rithy Panh, Raoul Peck, Olivier Ducastel & Jacques Martineau, Gaël Morel, Christophe Honoré, Mia Hansen-Love, Thomas Lilti, et pour les plus jeunes, on peut citer, Katell Quillévéré, Louis Garrel, Alice Winocour, Houda Benyamina, Hubert Charuel…
Et en ce qui concerne l’animation, nous avons soutenu, pour leur premier film Marjane Satrapi , Joann Sfar, Rémi Chayé, Michael Dudok de Wit, Claude Barras, Lorenzo Mattotti, Florence Miailhe.
Plus d’un lauréat sur trois a réalisé plus de trois films et plus d’un lauréat sur quatre est une réalisatrice. Depuis 2011, la proportion des femmes réalisatrices augmente et aujourd’hui 31% des projets primés par la Fondation sont portés par des femmes.
Depuis 1987, 1/3 des films lauréats réalisés sont sélectionnés au Festival de Cannes, et depuis 2014, 80% des films lauréats y sont sélectionnés avec près d’un film lauréat sur deux primé, comme DIVINES en 2016 avec la Caméra d’Or.
On compte à ce jour 36 César, avec pour les deux dernières années consécutives, le César du Meilleur premier film pour DIVINES de Houda Benyamina, en 2017, et pour PETIT PAYSAN de Hubert Charuel en 2018.
Quels sont les grands temps forts qui ont marqué la vie de la Fondation ?
Liée à l’entreprise qui l’a créée, la Fondation a connu trois temps fort. Sa création accompagnée très vite d’une reconnaissance des professionnels du cinéma pour ses choix judicieux envers les cinéastes aidés, sa pérennité qui a été assurée suite au rachat de son membre fondateur GAN par GROUPAMA en 1998 et, en 2013, son repositionnement en interne au sein de Gan Assurances. Cette dernière étape s’est accompagnée d’une nouvelle identité visuelle (nouveau logo et écosystème), d’une nouvelle équipe et d’un recentrage autour de son ADN : l’aide et l’accompagnement des premières œuvres.
Pour son action, la Fondation a été récompensée à trois reprises d’un Oscar du Mécénat par Admical et obtenu la médaille Grand Mécène Or de la part du ministère de la Culture et de la Communication en 2007.
Durant toutes ces années, la Fondation a survécu à un rachat d’entreprise, et a poursuivi avec constance et cohérence son action, ce n’est pas rien !
J’ai eu le plaisir en 1997 de célébrer les 10 ans de la Fondation Gan à Londres, alors que je dirigeais la salle de cinéma de l’Institut français.
Vu de l’extérieur, j’étais impressionnée par ce travail de mécénat. Cela a été un sentiment étrange de passer de l’autre côté du miroir en 2013 lorsque j’ai été nommée Déléguée générale et qu’il m’a fallu repenser ses actions. Ce fut un moment très fort. La Fondation était rattachée à nouveau à l’entreprise Gan, son membre fondateur. Il y avait donc un retour aux sources, aux fondamentaux. Cela a été un moment important car c’est très utile pour une institution de se remettre en question, de repenser son action. C’est cette capacité d’adaptation qui explique aussi la durée de vie de la Fondation.
Au delà des moments « exceptionnels », j’attache beaucoup d’importance au plaisir au quotidien ; nous entretenons des liens forts avec nos lauréats ; nous nous déplaçons quand nous le pouvons sur les tournages de leur film, les sollicitons comme parrain, ou lors de festivals pour remettre des prix. Ces moments nous nourrissent et nous enrichissent continuellement.
Audacieuse, Exigeante, Fidèle et j’ajouterai Joyeuse !
L’avenir de la Fondation est bien sûr lié à la bonne santé de Gan Assurances ! Nous sommes une fondation d’entreprise et ainsi liée à ses résultats.
Jusqu’à présent elle perdure depuis 30 ans, ce qui est remarquable. C’est la preuve que notre action est utile et appréciée, tant dans l’industrie cinématographique qu’au sein de l’entreprise.
Le challenge c’est de continuer - à faire de bons choix, à détecter les futurs cinéastes de renom, à préserver un éclectisme éclairé.
Propos recueillis par Marion Baudin