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Le mécénat en région, une affaire de TPE/PME

La région Hauts-de-France compte un peu plus de 4400 entreprises mécènes en 2018 (Baromètre ADMICAL 2021). Elle figure parmi le top 3 des régions avec plus de 156 millions d’euros de dons déclarés. Étudier le mécénat en région revient à s’intéresser au mécénat des PME/ TPE. 96% des entreprises mécènes font partie de la catégorie des petites et moyennes entreprises et ces dernières sont de plus en plus nombreuses à vouloir endosser un rôle sociétal. Le mécénat nourrit les engagements de l’entreprise à l’échelle de son territoire, et participe souvent au développement du sentiment de fierté de leurs collaborateurs.

Cependant, beaucoup d’entre elles ne passent pas à l’action car elles constatent une certaine difficulté dans la structuration individuelle de leurs actions de mécénat.

Une pédagogie de l’engagement

Pour Tom Patar, Président du Fonds de Dotation M créé il y a un an par un collectif d’entrepreneurs, les chefs d’entreprises des PME et TPE régionales partagent cette envie d’avoir un impact positif sur leurs territoires et d’accompagner des projets très locaux. Cependant, ils souffrent souvent d’un manque de connaissance du tissu associatif et des besoins rencontrés par les structures.

Aussi, les entreprises qui n’ont pas les moyens de dédier un poste à la question du mécénat expriment régulièrement le besoin de sécuriser leurs opérations : comment s’assurer de la fiabilité économique du projet soutenu ? De la transparence et du fléchage des dons alloués ? Comment rédiger une convention de mécénat ? Quelles sont les démarches fiscales à effectuer ? Autant de questions qui découragent souvent les motivations initiales et sincères des mécènes PME/ TPE.

Le Fonds de dotation M propose ainsi aux PME/ TPE basées en région de mutualiser leurs efforts financiers pour soutenir des actions de plus grande envergure avec la possibilité de structurer et de sécuriser collectivement leurs actions de mécénat.

Des catalyseurs de générosité…

Un autre exemple d’action collective est celle des cercles d’amis auprès d’institutions culturelles. Dans le cas du Louvre-Lens, ce sont ainsi une quarantaine d’entreprises de toutes tailles qui financent des activités du musée. Ici, c’est à l’initiative du Crédit Mutuel Nord Europe qu’est créé ce cercle d’entreprises, très en amont de l’ouverture du musée. “Nous avions soumis l’idée au Louvre à Paris dès 2005 et avions eu assez rapidement un retour positif. Au départ nous étions seuls évidemment, et notre première action avec le Louvre a permis de payer le poste d’une chargée de mission sur les questions de médiation et de lien avec le territoire sur ce qui allait devenir plus tard le Cercle Louvre Lens Entreprises” nous dit Laurence Pavie, Déléguée générale de la Fondation Crédit Mutuel Nord de France. Aujourd’hui, le cercle finance l'action “Parc en Fête”, un projet de cohésion sociale dédiée aux habitants du bassin minier. La dimension collective s’étend également aux contreparties avec l’organisation d’une soirée commune à tous les partenaires et à leurs invités. Cela permet également d’associer les mécènes de façon collégiale aux réflexions sur l’avenir des associations ou des institutions.

… qui essaiment en région

Un autre exemple est celui du programme “Mine d’idées”, lancé par la Fondation de France en 2014, qui avait pour objectif de faire émerger des projets dans l’ancien bassin minier (Lens, Hénin, Carvin…). En 4 ans, ce sont 74 projets qui ont pu être accompagnés et 750 000 € mobilisés.  Après la fin du programme Mine d’idées, l'engagement s’est prolongé en 2018 sous la forme d’une fondation abritée : la Fondation territoriale des lumières. 10 entreprises, principalement issues de la région (bailleurs sociaux, mutuelles…) se sont rassemblées pour élargir le territoire d’action et financer des projets dans le domaine de la lutte contre la précarité. “Depuis 2018 ce sont 50 projets qui ont été soutenus pour un montant total de 500 000 €”, explique Florence Quint, déléguée. Et puisque la coopération fait partie de notre ADN, notre souhait est  d’agir sur le territoire avec les habitants, les acteurs de l’économie sociale et solidaire,  mais aussi les collectivités, les entreprises ou encore d’autres fondations.” C’est par exemple le cas du projet Les Geeks du bâtiment, mené avec la fondation familiale Impala Avenir.

Le format de fondation territoriale exploré par la Fondation territoriale des lumières a d’ores et déjà essaimé ailleurs en région comme avec la Fondation Reflets d’Opale sur le territoire de la Côte d’Opale.

Les démarches collectives peuvent prendre d’autres formes, comme les appels à projets communs. En 2017, la fondation Anber (fondation familiale), la fondation Crédit Agricole Nord de France et Vilogia (bailleur social) avaient lancé un appel à projet commun « logement et précarité » doté de 240 000€.

Démultiplication des coopérations, travail dans le temps long et impact local renforcé, les collectifs de mécènes, malgré des formes différentes, s’imposent comme un mode d’action d’avenir et de proximité !

Dans ce dossier le mois prochain, nous discuterons formes d’associations, fidélisation et communication.

Article co-signé par 

 Julie Mayer, Consultante et Formatrice, Co-gérante Mécénat&Co

 William Renaut, Consultant et Formateur, Co-gérant Mécénat&Co