Lunch & Learn
On entend souvent que la philanthropie en France a pris du retard car l’Etat détient historiquement le monopole de l’intérêt général. Si elles sont aujourd’hui encouragées par l’Etat, les contributions des acteurs privés à l’intérêt général semblent contredire un « modèle social français » où l’Etat seul institue le contrat social et où la société civile ne joue qu’un rôle résiduel. Dans cette vision répandue, la Révolution de 1789 aurait amoindri la philanthropie pour instaurer les bases de l’Etat Providence, qu’on le déplore ou qu’on s’en félicite. Mais cette opposition entre pouvoirs publics et acteurs privés est-elle fondée, historiquement ? Des recherches récentes en histoire, en sociologie et en science politique contredisent cette vision. Au cours du 19e siècle, les philanthropes ne pensaient pas leur engagement dans un rapport d’opposition à l’Etat : au contraire, la philanthropie était un idéal révolutionnaire et républicain, une source d’inspiration pour les premières réformes sociales, et une ressource pour accéder à des positions de pouvoir. De son côté, malgré les changements de régime, l’Etat français depuis 1789 a constamment octroyé de la reconnaissance – pensons par exemple à la reconnaissance d’utilité publique – et des récompenses aux acteurs philanthropiques, convertissant leur engagement en « prestige d’Etat ». En intégrant les contributions privées à l’intérêt général, l’Etat français a enrôlé la philanthropie au service de sa propre puissance, ce qui a contribué à masquer ou du moins minorer le rôle social de cette philanthropie, pourtant bien réel. Ce sont ces relations historiques complexes et enchevêtrées que nous vous proposons d’explorer.
Pour traiter cette question, nous aurons le plaisir de recevoir :
- Nicolas Duvoux, Professeur de sociologie à l’Université Paris VIII Vincennes Saint-Denis, Chercheur au CRESPPA-LabToP, coordinateur du dossier « Philanthropies et prestige d’État en France » dans le n°109 de la revue Genèses.
- Arthur Gautier, Chercheur à l’ESSEC Business School, Directeur exécutif de la Chaire Philanthropie de l’ESSEC, auteur de l'article « A conceptual history of philanthropy in France, 1712-1914 ».
La discussion sera animée par Kévin André, Professeur en innovation sociale à l’ESSEC.
Participation : 10 € (panier déjeuner compris) par personne.
Payable en espèces sur place ou par chèque.
Le nombre de places étant limité, merci de vous inscrire directement en utilisant ce formulaire : Inscription
La chaire Philanthropie de l’ESSEC est membre du CEMAS (Centre d’Excellence Management et Société)
Lieu: Campus ESSEC du CNIT, Paris-La Défense, accès bureaux 2, amphi 203 (Métro La Défense - Grande Arche)
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