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Admical entame à Reims son Admical Tour
Comptes-rendus d’événements
D’ici à 2018, Admical entend bien sensibiliser au mécénat plus de 2 000 entrepreneurs au terme d’un périple qui est parti de Reims le 1er décembre dernier. Reims, un véritable laboratoire de la philanthropie régionale où un entrepreneur plein d’allant, Didier Janot, a su stimuler un club d’entreprises dynamiques, et une capitale territoriale, se doter d’une mission mécénat qui fait école.
Comme l’a rappelé Arnaud Robinet, député-maire de Reims, la ville doit beaucoup, et depuis longtemps, au mécénat. C’est grâce à la générosité des fondations américaines Rockfeller et Carnegie et à la solidarité des maisons de champagne locales que la ville a pu se reconstruire après la première guerre mondiale et restaurer son patrimoine. Bien avant, en 1852, Louis Roederer, le fondateur de la maison qui porte son nom, avait déjà offert à la ville un bâtiment transformé en hospice. Depuis 2011, une fondation d’entreprise orchestre le mécénat de la maison familiale que préside aujourd’hui, Frédéric Rouzaud. C’est elle qui parrainait la première étape du Admical Tour à laquelle ont participé quelque 200 chefs d’entreprise accueillis par la Caisse d’Epargne Champagne-Ardenne.
Le principe des rendez-vous d’Admical est simple, associer pédagogie et témoignages en invitant des mécènes et des porteurs de projets locaux à faire part de leurs expériences devant un parterre d’entrepreneurs qui ne font pas encore de mécénat. « Rien ne vaut une sensibilisation par ses pairs », résume François Debiesse, président exécutif d’Admical, pour expliquer la démarche.
Si beaucoup de chefs d’entreprise n’ont pas encore franchi le pas, c’est très souvent par manque de temps mais aussi par ignorance. Aussi, Charlotte Dekoker, déléguée générale adjointe d’Admical, a-t-elle commencé le 1er décembre par leur expliquer en quoi consiste le mécénat avant de laisser s’installer une première table ronde sur la pratique du mécénat collectif en Champagne-Ardenne. Autour de Didier Janot, président du club d’entreprises Prisme, et correspondant d’Admical en Champagne-Ardenne, Jean-Pierre Belfie, maire de Bezannes, vice-président de Reims Métropole, Clément de Kergolay, gérant d’Acer Ingénierie & Construction, Marc Besancenez, directeur technique du centre de formation Saint-Jean-Baptiste-de-La-Salle, Christian Lapie, artiste sculpteur, et Arnaud Bassery, président de l’association Velours, sont alors venus détailler comment fonctionne ce club d’une trentaine d’entreprises de toutes tailles et de tous les secteurs d’activité. Créé en 1989, Prisme a pour objet de promouvoir le mécénat à travers la réalisation d’œuvres d’art urbain installées sur le domaine public. En finançant ces commandes, Prisme soutient tout particulièrement la jeune création artistique contemporaine. Bien souvent, de jeunes artistes réalisent grâce au club de mécènes champenois une première œuvre importante qui sera exposée et qui fera l’objet d’un ouvrage ou d’un catalogue. Pour compléter sa démarche, Prisme a créé en partenariat avec l’ESAD, école supérieure d’art et de design de Reims dirigée par Claire Peillod, un prix doté de 5 000 euros, qui récompense des étudiants de dernière année.
Le mécénat fédère un territoire
Autre moteur du mécénat local, la mission mécénat de la Ville de Reims. Créé en 2010, cet outil novateur fait travailler en transversalité toutes les directions de la mairie. Axe prioritaire de la mission, la restauration et la mise en valeur du patrimoine local recourent largement au mécénat de compétence. Un exemple significatif concerne la Fontaine Subé, rénovée en totalité grâce au seul mécénat privé. Parallèlement à la souscription lancée en septembre 2015 sous l‘égide de la Fondation du Patrimoine, la métropole rémoise a lancé un appel à ses partenaires habituels pour restaurer et remettre en eau le monument emblématique de la Ville de Reims. Poulain Bobinage, soucieux de la conservation du patrimoine rémois et partenaire de longue date de différents services de la collectivité, est l’une des entreprises qui ont répondu à cet appel visant à redonner une seconde jeunesse à la fontaine.
Deuxième exemple, la restauration du château de Bignicourt-sur-Saulx, chef d'oeuvre de l'architecture néo-classique du début du XIXe siècle construit dans l'esprit des villas vénitiennes d'Andrea Palladio. Laissées à l’abandon durant plus d’un demi-siècle, les ruines du château ont été rachetées en 2002 par Fabrice Provin qui s’est ensuite lancé dans un gigantesque programme de restauration avec notamment le soutien du groupe Le Bâtiment Associé. Son président – directeur général, Christophe Possémé, l’a martelé le 1er décembre : « le mécénat de compétence remet le métier et le collaborateur au cœur de l’entreprise ». Une conviction que partage Josep Puzo, le président d’Axon Câble, qui installe dans les halls de fabrication et d’exposition de son entreprise les œuvres d'art fabriquées avec des pièces industrielles qu’on y fabrique..
D’une durée de deux ans, le Admical Tour comptera au total une vingtaine d’étapes. Après celle de Reims fin 2016, suivront en 2017 les rendez-vous de la Roche-sur-Yon, Niort, Bordeaux, Strasbourg, Toulouse, Lille, Marseille, Lyon, Rennes et Rouen. Comme à Reims, Admical entend bien donner aux entreprises et aux entrepreneurs locaux l’envie de contribuer au bien commun et ce faisant de faire progresser la société. « Donner l’envie, voila l’essentiel », a conclu le 1er décembre François Debiesse, avec la satisfaction d’une première mission accomplie.
Yves Le Goff
Récipiendaire fin septembre du Prix Montblanc de la Culture, qui récompense des mécènes du monde entier oeuvrant en faveur de l’art, la fondation Louis Roederer a choisi de remettre son prix de 15 000 euros au club de mécènes Prisme qui a lui-même décidé d’en faire cadeau à l’ESAD. Un atelier de céramique verra le jour au sein de l’école grâce à cette chaîne de la générosité.