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Insertion professionnelle des personnes en situation de handicap : l’exemple de la Fondation Banque Populaire

Paroles de mécènes

En France, 500 000 personnes handicapées sont inscrites à Pôle emploi et leur taux de chômage est deux fois supérieur à la moyenne nationale. Le cadre législatif et les dispositifs d’accompagnement se sont certes améliorés mais il reste encore de nombreux freins à lever pour permettre aux personnes en situation de handicap de s’insérer pleinement dans la vie professionnelle. Des mécènes comme la Banque Populaire se mobilisent pour aider des personnes touchées par le handicap à se construire ou à se reconstruire en les accompagnant dans des projets de vie concrets.

Le taux de chômage des personnes en situation de handicap est deux fois supérieur à la moyenne nationale

Depuis février 2005, une loi vient réaffirmer la nécessité de permettre à toutes les personnes en situation de handicap de pouvoir jouir pleinement de leur citoyenneté, en réduisant les barrières liées au handicap dans les domaines de l’enfance, de la scolarité et de la vie professionnelle.

Cette loi a renforcé les exigences des employeurs vis-à-vis de l’obligation d’emploi des personnes en situation de handicap. Tous les établissements publics ou privés de 20 salariés minimum sont désormais contraints d’employer 6% de personnes en situation de handicap sur l’effectif total de leurs salariés sous peine de sanctions.
Les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) ont également été créées dans le cadre de la loi de 2005 pour accompagner au mieux les personnes handicapées dans leur recherche d’emploi, en partenariat avec le service public de l’emploi (Pôle Emploi, Cap Emploi, missions locales).

Plus récemment, Muriel Pénicaud, Ministre du Travail et Sophie Cluzel, Secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées ont présenté en juin 2018, un premier point d’étape sur la politique de l’emploi des personnes en situation de handicap. Le Gouvernement veut agir plus concrètement pour l’accès à la formation et à l’emploi des personnes en situation de handicap tout en simplifiant les démarches des entreprises.

Malgré l’évolution du cadre législatif et des dispositifs d’accompagnement, accéder et se maintenir dans l’emploi reste un défi pour un nombre important de personnes en situation de handicap. En France, 500 000 personnes handicapées sont inscrites à Pôle emploi. Leur taux de chômage est deux fois supérieur à la moyenne nationale. L’obligation d’emploi des travailleurs handicapés stagne depuis des années dans les entreprises. Enfin, les jeunes personnes en situation de handicap ne représentent qu’1% des apprentis.

Dans ce contexte, les mécènes sont donc de plus en plus nombreux à s’impliquer dans le domaine du handicap pour encourager les projets de vie et l’accès à l’emploi de ces personnes.

Focus sur une entreprise qui a décidé d’agir : la Banque Populaire

Par le biais de sa fondation, la Banque Populaire accompagne des personnes en situation de handicap pour les aider à réaliser leurs projets de vie et à s’insérer dans la vie professionnelle.

Rencontre avec Martine Tremblay, déléguée générale de la fondation et Bertrand Brugerolle, président du jury Handicap de la fondation.

 

Pourquoi la Fondation Banque Populaire a-t-elle fait du handicap et du soutien aux projets de vie de ces personnes l’un de ses combats ?

Son objectif initial, lors de sa création en 1992 a été d’apporter de l’aide là où elle fait le plus défaut et de s’inscrire dans la philosophie qui fut à l’origine de la création des Banques Populaires : la solidarité au service de l’homme et de l’initiative, explique Martine Tremblay, sa directrice.

Combien de personnes en situation de handicap avez-vous accompagné ? Aujourd’hui savez-vous ce qu’elles sont devenues ?

476 personnes en situation de handicap ont déjà été accompagnées et ont reçu une bourse pour les encourager dans la mise en place d’un projet de vie. La relation qui se noue avec le lauréat va bien au-delà d’une simple aide financière car elle s’étend entre 1 et 3 années. En retour, certains deviennent des témoins ou des relais pour les futurs candidats. La fondation a toujours à cœur de savoir si un projet a été réussi (études), s’il se poursuit (création d’entreprise, activité artistique ou projet sportif) ou pourquoi quelquefois il s’est arrêté.

Quels sont les leviers/outils que vous activez pour les accompagner au mieux ?

La fondation a mis en place un jury de dix professionnels spécialisés dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap tels que des spécialistes de médecine physique et réadaptation, ergonome, travailleurs sociaux… Ils viennent de toute la France et participent avec conscience et bienveillance à l’analyse des projets. Elle a aussi un large réseau composé des Banques Populaires régionales mais aussi du réseau Comète, d’associations accompagnant des projets de réinsertion, de clubs de sport spécialisés, les familles des lauréats… Enfin les réseaux sociaux et les médias partenaires nous permettent de mettre en lumière ces personnes talentueuses et leur projet audacieux. Mais, conclut Bertrand Brugerolle, président du jury, le levier principal est la confiance faite à la personne elle-même pour lui permettre de faire naître son projet qui au départ n’est qu’une espérance.

Selon vous, quels sont les principaux freins qu’elles rencontrent lors de la mise en place de leurs projets de vie ?

Les freins sont nombreux et variés. Certains sont liés à la personne elle-même comme la crainte, la peur, la perte de confiance en soi et l’isolement. Des problèmes de santé peuvent aussi remettre en cause le projet. On peut citer aussi le regard des autres souvent négatif et peu compréhensif ou les contraintes administratives bien réelles. Mais ces freins peuvent être levés par une rencontre au bon moment d’où l’importance du réseau.

En dehors de sa fondation, la Banque Populaire s’implique aussi. Elle a même ouvert récemment une agence spécifique pour faciliter les démarches des personnes sourdes et malentendantes ?

En effet, la Banque Populaire Rives de Paris a ouvert en 2016 une agence accessible au public sourd et malentendant, baptisée « Rives en Signes »[1]. Son objectif est d’apporter plus de confort dans la relation bancaire et mieux répondre aux besoins de ces clients souvent confrontés à des difficultés de communication dans les agences traditionnelles. Tous les collaborateurs de l’agence sont formés à la langue des signes française et différents outils ont été développés pour faciliter la relation client.

La Banque Populaire a mis depuis bien longtemps une politique en faveur de l’emploi et au maintien dans l’emploi des personnes en situation de handicap. Elle vise un objectif de 4,7% fin 2019 pour l’emploi de ces personnes. Les équipes et managers sont sensibilisés en suivant des formations. Elle mise également sur l’innovation en proposant diverses offres notamment la solution d’accessibilité FACIL’iti sur ses sites internet.[2]

 

Portraits de Lauréats accompagnés par la Fondation Banque Populaire

Charlotte Desmousseaux

Cette jeune femme passionnée était prête à tout pour aller jusqu’au bout d’un projet de vie qu’elle réfléchit depuis ses 13 ans. Atteinte d’un handicap visuel depuis sa naissance, Charlotte a toujours été passionnée par la lecture qu’elle lit en approchant les livres tout près de ses yeux. Avec une solide formation de libraire, elle se décide à tenter l’aventure : ouvrir avec son mari « La vie devant soi », une librairie en plein cœur d’un quartier populaire à Nantes. Le soutien de la fondation lui a permis de démarrer son activité en étant salariée.

Mathieu Bosredon

Mathieu Bosredon, paralysé des membres inférieurs de l’âge de 4 ans, a débuté le paracyclisme à 14 ans. Aujourd’hui, il pratique le handbike à haut niveau en équipe de France et envisage de représenter la France aux prochains Jeux Paralympiques à Tokyo en 2020. Parallèlement, il est rattaché au Bataillon de Joinville et conseiller sportif pour le ministère de la Défense. Il mène aussi une activité de consultant spécialiste des problématiques liées au handicap au sein de plusieurs structures telles que l’Association Limousine et il est président de l’Association Aventure Handicap.

 

>> Découvrez tous les lauréats de la Fondation Banque Populaire ici

 

Marion Baudin


[1] « Rives en signes » se situe au 41, avenue des Gobelins, 75013 Paris.

 

 

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