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Admical à Boston ou la découverte de l’univers du Collective Impact

Comptes-rendus d’événements

C’est avec enthousiasme et excitation que je me suis m’envolée le 20 mai dernier pour Boston. Deux jours de tourisme en amont du Collective Impact Forum Convening m’auront permis de m’imprégner de la douce atmosphère de cette belle ville de la Nouvelle Angleterre, berceau de la guerre d’indépendance des Etats-Unis.

 

Un voyage pour mieux comprendre le « Collective Impact » et ses enjeux

 « Collective impact »[1], encore une expression marketée pour faire bien et parler d’une façon trendy de ce que l’on sait faire depuis longtemps ? A savoir, des mécènes qui décident de s’atteler à la résolution en profondeur d’une grande cause en s’alliant à des acteurs divers et complémentaires. Pour certains le CI n’apporte rien de nouveau, pour d’autres cela crée une vraie différence, permet d’avoir plus d’impact. Alors, quoi de mieux que d’aller voir sur place ?

Je n’étais bien sûr pas la seule à avoir envie de me forger ma propre opinion en allant à cet événement annuel réunissant la communauté des fans du CI : 600 personnes, excusez du peu !  La délégation française Admical était fort bien représentée : 3 corporate foundations et une backbone organisation. (cf. encadré « Anecdotes et enseignements »). Nous faisions partie d’une délégation européenne plus large composée de 22 personnes, représentant essentiellement des fondations privées et opérationnelles basées en Grande-Bretagne, Danemark, Allemagne et Espagne.

Cette recette américaine du CI est-elle adaptée à notre culture européenne ? Dans quels cas l’utiliser ? Et en lui donnant une saveur européenne, n’en serait-elle pas plus appréciée et efficace sur notre continent ? C’est autour de ces interrogations que le FSG (cabinet en philanthropie initiateur du concept) a réussi à mobiliser une task force européenne. L’immersion rapide mais intensive sur la planète CI  avait ainsi pour objectifs premiers  d’identifier le potentiel de développement de cette approche et l’appétence des acteurs en pointe à la promouvoir en Europe. 

 

Dépasser les communautés d’intérêts pour une approche « cross-sector »

Si je ne suis pas revenue convaincue que « l’adoption d’une approche d’impact collectif par tous les acteurs sociaux est le seul et unique moyen pour la société de progresser à grande échelle dans la résolution des problèmes complexes et urgents de notre temps », il est évident que cette méthodologie présente deux grands atouts : un fort potentiel à résoudre des problèmes sociaux complexes et une capacité démontrée à faire émerger des solutions à grande échelle en pensant « système et non plus programme » (ce qu’un partenariat classique ne fera pas).

Mais pour cela «il sera capital de faire la distinction entre ce qui relève d’une communauté d’intérêts et ce qui relève véritablement du Collective Impact. Parce que les initiatives « CI compatibles » transcende justement les communautés d’intérêt dans tel ou tel secteur spécifique » explique Laure Kermen Lecuir, déléguée générale de la fondation Groupe ADP. En effet le CI a vocation à être « cross-sector », autrement dit à mobiliser tous les acteurs qui interviennent pour résoudre un problème de façon holistique ou systémique.  Autre défi, celui de la visibilité des parties prenantes impliquées, point clé pour les financeurs que sont les fondations. Pour une fondation privée l’enjeu sera moindre que pour une entreprise. Raison pour laquelle le CI aux USA est surtout le fait des fondations familiales. 

 

En France, des entreprises déjà matures sur le sujet

Finalement, nous pouvons être fiers de la France. Si l’approche y est encore peu développée, et certes peu connue, de grandes entreprises françaises sont déjà très matures sur le sujet ! A travers seulement 3 exemples majeurs - L’Alliance pour l’Education ; le collectif pour l’emploi ; la Global Alliance Against Cholera - c’est déjà 20 grandes entreprises[2] françaises engagées !

Le jargon du CI peut certes rebuter, la vision très « communautaire » ne pas coller avec notre culture, la méthodologie ne pas être universelle, il n’en reste pas moins que le Collective Impact est une approche qui a déjà fait la preuve de son efficacité, permis d’améliorer la situation de milliers de personnes aux Etats-Unis. Alors, pourquoi ne pas essayer de la développer en Europe ? Pour tous les mécènes qui sont convaincus que le mécénat peut résoudre des problèmes complexes et à grande échelle, l’option parait incontournable à tester !

Vous l’aurez compris, Admical a pour objectif de mieux comprendre les rouages du CI, identifier les marges d’adaptation tout en menant cette réflexion au niveau européen. Nous sommes au tout début de la démarche – Affaire à suivre, donc ou pour finir d’irriter tous les amoureux de la langue française, to be continued !



[1] Les 5 piliers du CI : plan d’action commun / commun agenda ; système d’évaluation commun/shared measurement ; des actions se soutenant mutuellement/mutually reinforcing activities ; communication permanente / continuous communication ; structure de soutien/backbone support -  source : Canaliser le changement : comment réussir l’impact collectif »

 

[2] Fondation Groupe ADP, fondation CNP Assurances, Caisse des Dépôts, fondation Deloitte, fondation France Télévisions, fondation HSBC pour l’éducation, Imerys, fondation Manpowergroup s’accomplir, fondation RATP, Safran, fondation SNCF, fondation Total [Alliance pour l’éducation] ; fondations Accenture, Adecco, AG2R, SFR et Vinci [collectif pour l’emploi] ; fondations Artelia, EDF, Veolia et la fondation Mérieux [Alliance Against Cholera]

Anecdotes et enseignements

 

Valérie Faillat Proux, déléguée générale de la fondation Sanofi Espoir

« J’ai fait du collective impact sans le savoir dans ma précédente fonction chez Sanofi sur le paludisme ! » Si l’article paru en 2011 dans la Stanford Social Innovation Review inaugurant le concept du Collective Impact a reçu un « accueil phénoménal », selon les dires de leurs auteurs, ils reconnaissent qu’ils n’ont pas inventé l’approche à proprement parler mais réussi à conceptualiser des pratiques, à formaliser « une recette universelle » pour qu’un maximum d’acteurs s’en emparent.

 

Laurence Piccinin, déléguée générale de l’Alliance pour l’Education (backbone organisation)

« Ce qui m’a le plus surpris, c’est l’appétence pour le CI en apprenant que plus de 25 nationalités, dont l’Afghanistan, étaient représentées cette année ! » Même si la grande majorité des participants était américaine, l’édition 2017 fut sans conteste très internationale, à tel point que lors de la conférence d’ouverture, les speakers ont demandé à tous les étrangers de se lever et nous avons eu droit à une standing innovation !

 

Angelina Lamy, déléguée générale de la fondation Accenture

«La forte présence des fondations privées et des community foundations, autrement dit le fait que très peu d’entreprises étaient présentes m’a beaucoup étonné». Effectivement, le collective impact est aujourd’hui surtout le fait de fondations privées, souvent opérationnelles et agissant sur un territoire donné ou au service d’une « communauté ». Tout est  community driven  aux States !

 

Laure Kermen Lecuir, déléguée générale de la fondation Groupe ADP

« Manger et écouter des intervenants en même temps ! Pour nous le repas est un temps sacré d’échange ». Or lors des tables-rondes organisées à l’heure du déjeuner, nous devions rester silencieux et concentrés sur les propos des intervenants qui apparaissaient d’autant plus sérieux. Je confirme que c’est un exercice bien difficile pour un Français. Si je ne peux vous garantir des goûters avec bonbons, smarties et cup cakes colorés, je vous le promets nous vous laisserons papoter sur votre pause déjeuner au Mécènes Forum le 5 octobre prochain !

Sylvaine Parriaux,

Directrice générale adjointe d'Admical

 

Pour découvrir le résumé en images, rendez-vous ici

Le sujet vous intéresse ?

-  Découvrez le Collective Impact en quelques pages :  «Canaliser le changement : comment réussir l’impact collectif »

-  Regardez la vidéo du d’une conférence du Mécène Forum 2016 :  « Le mécénat, facteur d’inclusion sociale, moteur d’action collective »

-  « Mécénat collectif, quand l’union fait l’impact » Mécènes n°8 – oct/nov 2014

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