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Evaluation d’impact social, quels enjeux pour les financeurs ?

Expertise

Le mercredi 4 avril dernier, l’Avise réunissait différents acteurs autour de la thématique de l’évaluation d’impact social dans les locaux de la Caisse d’Epargne. Cet évènement fut l’occasion de faire le point sur les enjeux de cette mesure d’impact du côté des financeurs. Retour sur une soirée riche en échanges.

 

Quand la relation partenariale s’axe sur l’utilité sociale

C’est avec le premier témoignage de Marie Leclerc-Bruant2, que nous pouvons observer l’importance de la démarche de mesure d’impact social, notamment dans le mécénat. En effet, la Caisse d’Epargne agit de façons différentes pour soutenir les structures de l’ESS : financements, investissements, mécénat et RSE ; les pratiques d’évaluation sont donc très différentes selon le mode d’intervention. Pourtant quand l’évaluation porte sur les actions de mécénat c’est l’impact social qui est prioritaire. Les indicateurs sont co-construits pour permettre aux structures de se les approprier et de les rendre plus efficace.

La démarche d’évaluation peut aussi porter sur l’utilité sociale et permettre ainsi de renforcer le dialogue et les partenariats entre les financeurs et les structures. Dans ce contexte, la mesure s’axera sur 3 moment clés : la définition de l’utilité sociale du projet ou de la structure (c’est à ce moment que vont émerger les critères d’évaluation), la mesure concrète qui nécessite des ressources particulières, et la construction d’un point de vue partagé pour s’assurer de l’appropriation des résultats par chacune des parties prenantes.

Le financeur adopte alors une position très centrale qui, au-delà de son don, apporte de la valeur à la mesure d’impact social.

 

Du référentiel au sur-mesure

C’est dans ce contexte que nous pouvons imaginer que chaque mesure d’impact social sera construite sur-mesure, en fonction des objectifs et des enjeux de la structure, du financeur et des résultats que l’on souhaite obtenir. En parallèle, la démarche d’évaluation nécessite de telles compétences qu’il semblerait préférable d’avoir un référentiel commun, pratique et rapide à mettre en place. Ce référentiel permettrait aussi à chaque partie prenante de s’approprier la démarche et d’y trouver des objectifs individuels mais communs au partenariat. Cependant, il semble encore difficile de mettre en place ces référentiels car les secteurs d’activité dans lesquels se mettent en place les actions sont très variés et possèdent leur propre spécificité. Les mesures d’impact vont donc prendre des tournures très variées, rendant difficile la création de référentiels communs.

 

Et le financement dans tout ça ?

L’intérêt pour l’évaluation de l’impact est très récent et s’est rapidement basé sur des outils de suivi d’investissement empruntés à l’entreprise. Au fil des années, les méthodes ont évoluées et l’intérêt pour l’impact s’est précisé, notamment avec le mécénat.

Aujourd’hui, « rendre des comptes » est une des priorités des financeurs qui soutiennent des projets. Il faut donner accès à des données qui permettront d’évaluer le bienfondé d’un soutien financier apporté à une structure.

Mais alors, comment un financeur peut-il observer et mesurer l’effet de son financement ? Tout d’abord, comme nous l’indique François Debiesse, l’impact d’un financement ne se résume pas à la somme des impacts des projets soutenus. Il faut spécifier chaque accompagnement, car, comme on l’a évoqué plus haut, les démarches de mesure d’impact sont bien différentes selon les secteurs, les projets et les enjeux. De même, les visions seront différentes en fonction des projets soutenus et des investisseurs. Ces visions influenceront fortement le choix des méthodes et des outils utilisés.

Est-il toujours bien utile de mesurer l’impact de son financement, son efficacité ?

Cette vision tend à changer radicalement la perception de la mesure d’impact du financement. En effet, lorsqu’on évalue le financement, on pense rapidement à évaluer les euros investis et les effets de cet investissement (1 € dans ce projet a permis de réaliser la mise en place de tel projet, l’accompagnement de X bénéficiaires, etc.). Mais la pertinence du financement est beaucoup plus intéressante quand elle s’oriente davantage vers l’observation des changements impliqués et des indicateurs qui en rendront compte. On passe donc rapidement d’une méthode exclusivement quantitative à une démarche impliquant du qualitatif[1].

 

Donner les moyens aux entreprises de l’ESS d’évaluer leur impact social

Au-delà des questions pécuniaires, le manque de moyens et surtout de ressources humaines et une problématique importante pour les structures. De même, les compétences nécessaires à la mise en place d’une mesure d’impact leur font souvent défaut.

Le financeur peut alors moduler son implication et offrir aux structures, au-delà de son soutien financier, une véritable aide pour acquérir les compétences nécessaires (mécénat de compétences, mise en relation). Il se verra aussi adapter sa vision de la mesure d’impact et adoptera une posture plus expérimentale, acceptant le droit à l’erreur et à l’expérimentation des structures. La mesure d’impact est alors considérée comme un indicateur des améliorations et du suivi à mettre en œuvre.

Enfin, le financeur doit préciser au maximum sa demande concernant la mesure d’impact (surtout lorsqu’il en est le commanditaire). Il arrive très souvent que les structures en charge de réaliser une mesure d’impact de leur projet, ne savent pas réellement à quoi va servir cette mesure pour le financeur. Les objectifs sont parfois très contrastés entre les motivations des financeurs et celles des structures et les réalités de terrain. Le travail de co-construction semble plus que jamais indispensable, afin de s’assurer que la démarche soit comprise de toutes les parties prenantes.

 


[1] « L’évaluation qualitative, pour quoi faire ? », article reprenant les problématiques abordées lors du dernier Lab Admical autour de l’évaluation.

Tifenn André

@AndreTifenn 

De l’utilité sociale à l’impact socio-économique

C’est un constat, de plus en plus de financeurs relèvent le défi de la mesure d’impact des actions et programmes soutenus. Autre constat, ces mesures portent souvent sur l’utilité sociale des projets réalisés. Ces dernières, essentielles pour rendre compte des bienfaits de la réalisation d’un projet d’intérêt général, ne sont pas les seules mesures qu'il est possible de conduire. En effet, afin d’apporter des contre-arguments face aux « mécénat-sceptiques », et pour convaincre toujours plus d’entrepreneurs et d’entreprises à concourir au mécénat, il serait intéressant de pouvoir déterminer l’impact socio-économique que les projets nés grâce au mécénat ont sur les territoires. Une multitude d’indicateurs s’observent aujourd’hui : développement de l’attractivité, retombées économiques, créations d’emplois…etc. De nombreux projets, qui pour certains n’auraient vu le jour sans le mécénat, ont donc un réel impact socio-économique. Le mécénat devient dans ce cadre un véritable outil de développement et de rayonnement du territoire.

 

L’enjeu futur est donc de passer d’un niveau d’évaluation « micro » à un niveau « meso ». Cette réflexion et ces travaux, qui seraient profitables à chacun – novices ou confirmés sur la question de l’évaluation et d’impact – ne pourront se créer que dans une dynamique collective.

 

C'est avec cette volonté de construction collective d'une réflexion ambitieuse qu'Admical organise le 24 mai 2018 un nouveau Lab sur le thème de l'évaluation de l'impact socio-économique du mécénat.

Pour vous inscrire, rendez-vous ici ! 

 

 

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