|    20 Mars 2020

Etat de siège

« Nous sommes en guerre » a dit lundi dernier le président Macron, et cette guerre ne fait sans doute que commencer. Malgré la grande incertitude sur l’avenir, nous pouvons d’ores et déjà tirer quelques enseignements de la difficile situation actuelle. 

1- Tout d’abord, le concept d’intérêt général, bien dilué chez nous depuis des lustres, revient au premier plan et devient même pour un temps indéfini une nécessité vitale. L’Etat prend ses responsabilités pour le préserver afin que nous puissions à l’avenir continuer à faire société. Que le « politique » retrouve un rôle positif et rassembleur, une pleine légitimité, est certainement une bonne chose pour « L’archipel français »[1].


2- Dans cette espérance commune, les pouvoirs publics ne peuvent pas être seuls à bord. Chacun a son rôle à jouer sans lequel l’ensemble social ne pourra fonctionner correctement : les citoyens d’abord (chacun d’entre nous), a minima avec ces fameux « gestes barrières » destinés à cantonner le mal. Mais aussi les entreprises, les ONG, le monde associatif dans son ensemble dont le rôle est plus important que jamais face aux multiples conséquences de la crise.


3- Point fondamental, ces différentes parties prenantes de l’intérêt général doivent travailler en lien étroit au service du bien commun. Le lien..., ce lien qui nous fait cruellement défaut depuis des décennies.

Dans ce contexte, quelques points de focalisation immédiate :

  • Entreprises et associations sont aujourd’hui totalement accaparées par les conditions de leur survie à très court terme, le casse-tête de l’organisation du travail, la trésorerie à sec, l’activité arrêtée ou presque. Des mesures importantes d’aide ont été décidées, d’autres suivront et tout cela portera ses fruits. Mais la première étape est complexe, particulièrement dangereuse, et le monde associatif, rouage social plus que jamais essentiel pendant la crise et en sortie de crise, a besoin de soutien ! De soutien financier bien-sûr, mais peut-être davantage encore de soutien humain pour affronter l’adversité dans les meilleures conditions. L’accompagnement des mécènes envers leurs partenaires est une nécessité vitale : l’information, la présence active et bienveillante, l’échange sont indispensables. Le Mécénat, c’est aussi ça, a fortiori dans les moments difficiles.

 

  • Les mécènes ont aussi un rôle clé à jouer pour soutenir la recherche. De nombreuses initiatives sont déjà à l’œuvre venant de grandes entreprises comme BNP Paribas qui a annoncé un don d’un million d’euros au profit de l’institut Pasteur ou LVMH et Sanofi qui se mobilisent auprès de l’APHP. Mais de plus petites entreprises prêtent aussi main forte à l’image de Ring Capital, Tikehau Capital ou Bergamotte qui ont choisi eux aussi de soutenir la fondation APHP, la Pme Les Tissages de Charlieu qui lance un masque de confinement lavable, Lunettes pour tous qui offre des lunettes à tous les soignants qui en auraient besoin ou encore Bot Design qui met à disposition les services de son robot conversationnel de télé-suivi médical pour les patients porteurs ou suspectés d’être atteints par le Covid 19. Sans oublier, au niveau international, des promesses de Facebook ou Generali, et au niveau individuel les engagements de sportifs emblématiques ou plus modestement, tous les appels à plateformes ou à cagnottes. Et rappelons aussi que la Fondation pour la recherche médicale a soutenu la recherche sur le coronavirus depuis la crise du SRAS. Des moyens existent donc déjà, tant financiers qu’humains, encore faut-il maintenant les porter à la hauteur des enjeux de santé mondiale, qui sont désormais immenses.

 

  • Enfin, et c’est sans doute le plus important, si nous pouvons avoir une conviction dans cet environnement d’incertitude, c’est bien que le monde post-pandémie ne sera plus jamais comme avant. Nous savions déjà qu’un changement profond de notre modèle socio-économique était nécessaire : trop inégalitaire, trop court-termiste, trop négligeant des enjeux climatiques, environnementaux et tout simplement humains.


Et bien nous y sommes : il va falloir demain construire la société du « monde d’après », beaucoup de nos concepts économiques, sociaux seront à revoir à travers un nouveau prisme, et je ne doute pas que notre vie quotidienne en sera profondément transformée. Si le politique (dont j’espère qu’il aura récupéré sa crédibilité) devra rester prépondérant en termes de vision et de structuration sociale, mécènes et philanthropes auront un rôle moteur à jouer sur le terrain, dans tous les domaines de la vie sociale, aux côtés de leurs partenaires associatifs. La crise que nous vivons est dramatique, luttons contre elle de toutes nos forces, et ensuite tirons-en les indispensables leçons car ce qui nous arrive ne doit pas grand-chose ni au hasard ni à la malchance.

Dans l’intervalle, restons en lien, ne laissons pas les distances se creuser. La solidarité, ce n’est pas un mot, ce sont des petites choses du quotidien que chacun peut mettre en œuvre pour « l’autre ».

Prenez soin de vous, mes chers amis, prenez soin des vôtres, prenez soin des autres !


Très amicalement,


François Debiesse, Président d’Admical



[1] Titre du livre de Jérôme Fourquet « L’archipel français, naissance d’une nation multiple et divisée » paru en 2019.

 

 

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